Derrière un cordon jaune de police, des agents du FBI accompagnés de chiens policiers inspectaient le restaurant familial où travaillait le suspect, situé dans un quartier populaire d'Elizabeth, petite ville du New Jersey.
La devanture bleue du fast-food, le First American Fried Chicken, était bien connue des habitants du quartier. Mais on en savait peu sur Ahmad Khan Rahami, qui "n'était pas dans les radars de la police locale", a expliqué le maire d'Elizabeth, Christian Bollwage.
Il a pourtant posé une dizaine de bombes sans éveiller les soupçons, faisant 29 blessés légers avec l'une d'elles dans le quartier de Chelsea à New York samedi soir.
Les images de l'homme barbu, vêtu d'un t-shirt et le bras ensanglanté alors qu'on l'embarquait dans une ambulance, monopolisaient les chaînes d'information aux Etats-Unis après son interpellation.
L'auteur présumé des attentats, inculpé pour tentatives de meurtres et possession d'une arme à feu après la fusillade qui l'a opposé aux forces de l'ordre, n'a pas laissé d'empreinte profonde sur son voisinage.
Le quartier, constitué de maisons d'un étage, est à forte dominante hispanique et beaucoup d'habitants n'y parlent pas l'anglais. Les Rahami sont l'une des très rares familles musulmanes des environs.
- Jamais à la mosquée -
Le New York Times signalait une évolution chez le jeune homme ces dernières années, lorsque "certains amis ont noté un changement de comportement et de sa pratique religieuse après ce qu'ils croient avoir été un voyage en Afghanistan". Il avait disparu pendant quelques temps il y a environ quatre ans, rapporte le quotidien.
"C'est comme si c'était devenu quelqu'un de complètement différent", a dit au quotidien un autre enfant du quartier, Flee Jones, 27 ans. "Il est devenu sérieux et s'est complètement renfermé".
Mais dans les mosquées d'Elizabeth, aucun des fidèles ou responsables interrogés ne se souvient avoir vu Ahmad Rahami à la prière.
"Je l'ai vu plusieurs fois à des cérémonies, l'Aïd notamment, ces deux trois dernières années", se souvient Salaam Ismial, travailleur social qui intervient à la mosquée Masjid Al-Hadi.
"Elizabeth est en état de choc, car nous n'avons jamais connu de problème entre un musulman et une autre communauté", a fait valoir Hassan Abdellah, président de la mosquée Dar-ul-Islam, l'une des plus importantes du New Jersey.
Lui qui fait partie de la mosquée depuis sa création, en 1992, assure qu'aucun événement n'a jamais généré de tensions, pas même le 11-Septembre.
"Nous avons grandi à Elizabeth. Nous traitons nos voisins avec bonté, nous donnons à manger aux pauvres. Espérons que les gens se souviendront des bonnes choses que nous faisons", dit Hassan Abdellah.
Par précaution, Salaam Ismial a prévu d'appeler le maire pour lui réclamer une présence policière devant chaque mosquée de la ville, "juste pour maintenir la paix".
Les voisins d'Ahmad se souvenaient surtout de Mohammad Rahami, le père.
Selon une source policière sur place, il était présent lorsque la police s'est présentée lundi matin à son domicile, une maison contigüe au restaurant, à la façade en briques.
La famille était installée sur cette avenue d'Elizabeth depuis 2002, date d'ouverture du restaurant.
"Un jour, j'étais sorti boire des coups et je suis rentré à deux heures du matin. Je me suis arrêté pour manger au restaurant. Ils étaient tous là, il y avait le père, le plus jeune fils et le type qu'ils ont montré à la télé", se remémore Miguel, qui habite depuis vingt ans une maison située à quelques dizaines de mètres.
"On discutait. On plaisantait", raconte-t-il, "et là ils me demandent: de quelle nationalité es-tu? J'ai dit je suis moitié mexicain et moitié israélien. Ça a été la fin de la discussion."
Le maire lui se souvient que ses services avaient dû contraindre le restaurant à fermer à 22H00, après que des voisins s'étaient plaints du bruit car il était ouvert en continu.
Selon le New York Times, la famille d'Ahmad Khan Rahami s'était plaint d'avoir été victime de discrimination.
Le frère du suspect, qui travaillait aussi dans le restaurant, s'est battu avec des policiers venus contraindre l'établissement à fermer pour la nuit, selon le quotidien. Il se serait alors enfui en Afghanistan avant d'être jugé.
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