En 2015, les demandes d'asile dans les pays de l'OCDE ont atteint le chiffre record de 1,65 million, dont "environ 1,3 million" en Europe, souligne l'organisation dans son rapport sur les "Perspectives des migrations internationales 2016", publié en marge d'un sommet de l'ONU à New York consacré aux migrations.
Ces flux peuvent bien représenter "une part relativement faible de l'immigration totale" - la population née à l'étranger dans les pays de l'OCDE s'élevait à 120 millions de personnes en 2014 -, les études peuvent bien montrer "les effets positifs à moyen et long terme" des migrations sur l'économie.
Il s'agit là d'arguments "abstraits", qui ne font "que prêcher des convaincus", et le message "ne porte pas", regrette Stefano Scarpetta, le directeur de l'emploi, du travail et des affaires sociales à l'OCDE, en introduction du rapport.
"La confiance des citoyens dans la capacité de leur gouvernement à gérer les migrations tend à s'effriter", et dans de nombreux pays "une part croissante de la population adhère aux discours extrêmes rejetant l’immigration", ajoute-t-il.
- Impact local -
Ce rapport est publié en pleine crispation du débat autour des questions migratoires à l'approche de la présidentielle de 2017. Les polémiques se sont notamment focalisées sur la répartition des migrants de Calais, pour lesquels le gouvernement compte trouver 12.000 places en régions d'ici la fin de l'année.
Les inquiétudes des opinions publiques sont connues, que liste l'OCDE: des migrations hors de contrôle, qui ne profiteraient qu'aux riches, aggraveraient la pression sur les services au niveau local "au détriment des populations déjà installées"...
Sur ce point, l'OCDE souligne que les études se sont surtout intéressées à l'échelon national, "bien que l'impact soit principalement ressenti au niveau local". Et il faut reconnaître "que l'impact de la migration n'est pas le même pour tout le monde", estime M. Scarpetta.
D'abord parce que les immigrés se concentrent presque toujours dans des régions et zones urbaines, "souvent les plus défavorisées". Ensuite parce qu'ils ont plus recours à des services (transports, écoles, etc.) financés à l'échelon local. "Les infrastructures locales peuvent être mises sous pression par des flux importants", souligne ainsi l'OCDE.
C'est pourquoi "les gouvernements doivent trouver de meilleurs arguments, plus tangibles, afin de contrer les voix anti-immigration", et lutter contre l'idée d'une politique migratoire "abstraite ou élitiste", martèle M. Scarpetta. Sans quoi "à terme, cela ne ferait qu'encourager le populisme, déjà très véhément".
- "Tirage au sort" -
Dans cette démarche, Jean-Christophe Dumont, chef du département migrations à l'OCDE, suggère même de descendre à un niveau très local: "Il faut écouter les préoccupations des gens, leur dire qu'ils ne vont pas être submergés, expliquer quelles dynamiques la migration peut amener", que ce soit pour le maintien des classes d'écoles ou la création d'emplois par exemple.
Certains pays l'ont bien compris, comme le Canada où "tout un effort est fait en amont dans les communautés pour anticiper l'accueil des migrants".
M. Dumont cite aussi l'Allemagne, qui a développé "une approche collective de la question, pas seulement décidée au niveau des ministères, mais aussi des communes, avec beaucoup de concertation". Le parti conservateur d'Angela Merkel vient toutefois d'enregistrer deux revers électoraux en deux semaines, dans un climat de mécontentement croissant sur l'immigration sur lequel surfe la droite populiste.
L'OCDE le martèle: "Bien que l'immigration puisse exacerber des problèmes structurels", elle "ne constitue, en général, pas la cause principale de ces difficultés".
L'organisation appelle aussi à des solutions globales face à ce défi mondial, et lance plusieurs pistes: coopération renforcée bien sûr, mais aussi "modulation des droits et des devoirs" en fonction de la durée de séjour octroyée aux réfugiés, voire critères de sélection des réfugiés, qui pourrait même prendre la forme d'un "tirage au sort" parmi les personnes enregistrées par le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).
Selon le rapport, "cela dissuaderait probablement les candidats de recourir aux filières clandestines".
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Et arrêter d'apporter leur concours à la déportation des peuples pauvres, il y ont pensé ?