Ombre au tableau toutefois pour le Kremlin: la faible participation, signe que les Russes ont boudé le scrutin ou qu'ils le considéraient joué d'avance. Selon la Commission électorale, seulement 47,8% des électeurs ont voté, contre 60% lors des législatives de décembre 2011.
Soutenue pendant la campagne électorale par les médias d'Etat, le parti Russie Unie a obtenu la majorité absolue avec 53,8% des voix, après le décompte de 60% des bulletins de vote, selon la Commission électorale centrale.
Mais le mode de scrutin - pour moitié à la proportionnelle et pour moitié majoritaire - a accentué la mainmise des candidats de la formation pro-Kremlin. Résultat: selon les projections réalisées après un décompte partiel, Russie Unie semble pouvoir obtenir plus de 300 des 450 sièges à la Douma, la chambre basse du Parlement, contre 238 précédemment.
Avec plus des deux-tiers des députés, le Kremlin aurait un contrôle sans précédent de la Douma et pourrait faire adopter encore plus facilement des révisions constitutionnelles.
Le parti libéral démocrate (LDPR, extrême droite) et le Parti communiste (PC) sont au coude-à-coude avec respectivement 13,7% et 13,9%. Le parti nationaliste du très populiste Vladimir Jironovski améliore ainsi son score de presque 3 points par rapport à 2011 alors que les communistes en perdent plus de 5.
- Premier vote russe en Crimée -
Les nationalistes de Russie Juste recueillent pour leur part 6,2% et siégeront.
Ces trois partis ne sont pas considérés comme des formations d'opposition et votent généralement à l'unisson de Russie Unie.
A contrario, les opposants libéraux de Parnas ne réunissent qu'un très symbolique 0,66% après une campagne où ils ont comme de coutume été boudés ou moqués par les télévisions d'Etat. Même scénario pour le parti d'opposition social-démocrate Iabloko qui a espéré en vain une partie de la nuit qu'il obtiendrait un siège, unique, à la Douma.
"On peut dire clairement que notre parti a gagné", s'est félicité le Premier ministre Dmitri Medvedev, tête de liste de Russie Unie, pronostiquant dès la clôture du scrutin l'obtention de la "majorité absolue" à la Douma.
"On peut dire avec certitude que le parti a obtenu un très bon résultat" malgré une participation "pas la plus élevée mais quand même importante", s'est réjoui à ses côtés M. Poutine, lors d'un déplacement au siège du parti qu'il avait contribué à créer en 2001, en saluant la "maturité politique grandissante" des électeurs russes.
Pour le chef de l'Etat, ces élections étaient d'autant plus importantes qu'elles sont la dernière consultation nationale avant la présidentielle de 2018 où personne en Russie n'imagine que Vladimir Poutine ne se présentera pas pour un 4e mandat.
- Elections légitimes -
Dans les deux principales villes du pays, Moscou ou Saint-Pétersbourg, la participation était encore plus faible, à la fois par rapport à la tendance nationale et aux précédentes législatives, après une campagne morne dans un pays en récession depuis dix-huit mois.
"Dans nombre de régions, la participation n'était pas très élevée puisque les citoyens n'ont pas été dument informés du lieu où se trouvait leur bureau de vote", a dit très sérieusement la déléguée du Kremlin pour les droits de l'Homme, Tatiana Moskalkova.
Contrairement aux législatives de décembre 2011, marquées par des fraudes et à la suite desquelles des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, le Kremlin avait voulu donner plus de transparence au processus électoral.
Le président russe avait ainsi placé à la tête de la commission électorale centrale l'ex-déléguée aux droits de l'Homme auprès du Kremlin, Ella Pamfilova, pour remplacer Vladimir Tchourov accusé par l'opposition d'avoir manipulé les résultats de plusieurs élections.
Les travaux de la commission électorale étaient diffusés en direct sur la chaîne publique d'information en continu et, fait nouveau, on y discutait des éventuelles fraudes comme le bourrage des urnes.
"Nous avons la certitude absolue que les élections se sont déroulées de manière tout à fait légitime", a assuré Mme Pamfilova, malgré les vidéos éloquentes de bourrages d'urnes, comme à Rostov sur-le-Don (sud-ouest).
Ces élections ont eu lieu au moment où le pays traverse sa plus longue période de récession depuis l'entrée de Vladimir Poutine en politique en 1999. Le scrutin était aussi la première consultation à l'échelle nationale depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014 suivi du déclenchement d'un conflit dans l'est séparatiste de l'Ukraine et de la détérioration des relations entre Moscou et les Occidentaux.
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