Kjartan Sekkingstad et trois matelots indonésiens ont été remis dimanche à Jesus Dureza, un émissaire du gouvernement philippin, à Indanan, localité de l'île de Jolo, une des places fortes d'Abou Sayyaf dans le sud de l'archipel, a rapporté un correspondant de l'AFP.
La remise des otages a eu lieu dans un camp fortifié appartenant au chef rebelle musulman Nur Misuari, dont le mouvement a aidé à obtenir ces libérations, selon le gouvernement philippin.
C'est la fin d'une épreuve douloureuse pour l'otage norvégien, enlevé en septembre 2015 dans une luxueuse marina dont il était le gérant, en compagnie de trois autres otages, dont deux Canadiens qui ont été exécutés ensuite par le groupe spécialisé dans les enlèvements crapuleux.
"Je suis si heureux, j'ai tant de chance d'être en vie", a déclaré à la presse le Norvégien, frêle, l'air hagard, remerciant à profusion le président philippin Rodrigo Duterte et le chef rebelle Misuari.
Il a montré son sac à dos, un broc en plastique et d'autres objets qui l'ont accompagné pendant sa captivité, déclarant qu'il ne perdrait jamais ces "souvenirs"..
"J'ai été traité comme un esclave, je portais leurs affaires à droite à gauche, je subissais parfois des sévices", a raconté l'ex-otage, faisant part aux journalistes de la "pression psychologique" exercée sur lui par le groupe qui l'a plusieurs fois menacé de le décapiter.
L'otage norvégien avait été enlevé en septembre 2015 avec les Canadiens Robert Hall et John Ridsdel, ainsi qu'une Philippine, Marites Flor, la compagne de Robert Hall.
Lorsque Robert Hall et John Ridsdel ont étaient emmenés menottés, pour être décapités, ils étaient hors de sa vue, mais "assez proches pour qu'on puisse entendre leurs cris lorsque c'est arrivé", raconte-t-il, visiblement bouleversé et soulignant combien c'était "traumatisant".
L'ancien otage, libéré samedi par Abou Sayyaf, a ensuite été conduit sur une base militaire avant de partir pour Davao, grande ville du sud du pays où il devait rencontrer le président Duterte.
Les trois Indonésiens ont été transportés jusqu'à la grande ville proche de Zamboanga, où ils devaient être remis à un général indonésien en retraite.
On ignorait dans l'immédiat si les Indonésiens sont ceux qui avaient été enlevés en juillet dans les eaux malaisiennes alors qu'ils se trouvaient à bord d'un bateau de pêche.
- Versement d'une rançon? -
Abou Sayyaf a exécuté les deux Canadiens, en avril et en juin, lorsque les millions de dollars de rançon exigés n'avaient pas été versés. L'otage philippine avait été libérée en juin.
A Manille, Martin Andanar, porte-parole du président Duterte, a déclaré que le gouvernement maintenait sa politique de ne pas verser de rançon. "Maintenant, s'il y a une tierce partie, comme la famille, qui a payé, nous n'en savons rien", a-t-il dit à la presse.
Frode Andersen, porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, a déclaré à l'AFP que son gouvernement "ne payait pas de rançon dans ce cas comme dans tous les autres".
Cependant, un porte-parole d'Abou Sayyaf, cité par un quotidien de Manille dimanche, assure que 30 millions de pesos (560.000 euros) ont changé de mains. "Nous avons déjà reçu la rançon de 30 millions de pesos", a déclaré Muamar Askali au Philippine Inquirer.
Abou Sayyaf est une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste musulmane qui a fait plus de 100.000 morts depuis les années 1970 dans ce pays d'Asie du Sud-Est composé à très grande majorité de catholiques fervents.
Considéré comme une organisation terroriste par Washington, il a été fondé au début des années 1990 avec des financements du réseau Al-Qaïda.
Basé dans les îles reculées du sud des Philippines où la majorité des habitants sont musulmans, Abou Sayyaf a extorqué des millions de dollars de rançon et les analystes jugent qu'il s'agit plus d'un groupe crapuleux que d'un mouvement idéologique.
L'armée philippine mène l'offensive contre Abou Sayyaf dans le sud de l'archipel depuis le mois d'août et 15 soldats et 32 islamistes ont été tués.
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