"Que nous sommes mauvais, que nous sommes des violeurs, tout ça c'est des mensonges! Nous sommes des collaborateurs de la paix, de la paix, de la paix en Colombie", a-t-il rappé samedi soir, sous les vivats des guérilleros rassemblés pour la Xe Conférence des Farc, qui doit ratifier les accords conclus le 24 août avec le gouvernement pour mettre fin à 52 ans de conflit armé.
"Je suis très content de savoir que nous allons nous reposer de la guerre (...) Nous sommes tous frères. Nous ne devrions pas nous tuer entre nous. C'est le message de ma chanson", a déclaré à l'AFP John Esteban Perez, 26 ans, en descendant de l'immense scène dressée dans la vaste plaine d'El Diamante, au coeur du Caguan, fief historique des Farc dans le sud-est de la Colombie.
En treillis vert olive et bottes de caoutchouc, ce guérilléro du Front Felipe Rincon du Bloc Oriental, le plus important de la guérilla, a enthousiasmé son public avec son rap mêlé de rythmes tropicaux.
"Le jeune Esteban a beaucoup de talent. Je l'ai trouvé excellent", a déclaré à l'AFP Gabriel, 35 ans, coiffé du béret noir des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste), issues en 1964 d'une insurrection paysanne contre le latifundisme.
Le jeune guérilléro avait été invité à monter sur scène par les musiciens d'Alerta Kamarada, venu animer la soirée d'ouverture de cette conférence inédite, qui doit en terminer avec une guerre qui au fil des décennies, a impliqué d'autres guérillas d'extrême-gauche, des paramilitaires d'extrême-droite et les forces armées, faisant au moins 260.000 morts, 45.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
- Amoureux de son style -
Réunis jusqu'au 23 septembre, les dirigeants et quelque 200 délégués des Farc doivent aussi décider de la reconversion de la guérilla en parti politique. Mais, comme il se doit en Colombie, pays où rien ne se fait sans musique, chaque jour se termine par un concert.
"Nous sommes très fiers d'avoir croisé son chemin (...) Il n'est pas seulement rappeur, il est chanteur et danse", apprécie Pablo Araoz, 36 ans, directeur et guitariste d'Alerta Kamarada.
En arrivant à El Diamante, ce groupe de Bogota, créé en 1996 et résolument engagé à gauche, a voulu d'entrée impliquer des artistes locaux à son concert. "Nous étions en train de faire les tests de son (...) quand il est monté et a chanté son rap (...) et nous sommes tombés amoureux de son style", a ajouté le musicien.
Pour Pablo Araoz qui a, par le passé, aidé des adolescents des bidonvilles de la capitale à sortir des gangs et à abandonner les armes, Esteban est "l'un de ceux qui oeuvre fortement pour la paix" qui, si elle est ratifiée par les Farc, devrait être signée le 26 septembre par le président Juan Manuel Santos et Timoleon Jimenez appelé aussi Timochenko, le commandant en chef de la guérilla.
"Nous avons très envie de continuer à travailler avec lui car c'est un vrai talent", a ajouté la guitariste à propos du jeune guérilléro du Front Felipe Rincon du Bloc Oriental, le plus important des Farc dans le sud-est du pays.
Javier Fonseca, le chanteur d'Alerta Kamarada, âgé de 39 ans, salue quant à lui "un garçon très généreux, très honnête". Il souligne qu'avec la paix, Esteban aspire non seulement à faire du rap sa nouvelle vie, mais aussi à "revoir sa mère qu'il n'a pas vu depuis onze ans", depuis qu'il a quitté Cali, à quelque 600 km de là.
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