La réunion, qui se tient jusqu'à dimanche, survient alors que le président socialiste Nicolas Maduro est sous pression: l'opposition de centre droit, majoritaire au Parlement, cherche à le faire partir cette année via un référendum révocatoire, en surfant sur son impopularité.
Sur les 120 pays constituant le Mouvement des Non-Alignés, créé il y a plus de 50 ans en pleine Guerre froide, Caracas, qui en recevra la présidence tournante pour trois ans des mains de l'Iran, n'a pas indiqué combien seraient représentés à Porlamar, sur l'île de Margarita (nord).
"Je vais profiter de ce sommet historique et de la présidence du Mouvement pour continuer à dénoncer cette droite pro-impérialiste, agenouillée devant les intérêts de l'empire (les Etats-Unis, ndlr)", a lancé M. Maduro, qui accuse l'opposition de fomenter un coup d'Etat avec le soutien de Washington.
Caracas espère aussi un soutien à sa campagne auprès des producteurs de pétrole pour stabiliser les cours.
"Les pays du Golfe persique, l'Iran, le Venezuela et l'Equateur seront présents. Nous allons évidemment utiliser cette réunion pour continuer à construire ce consensus lancé par le président Nicolas Maduro" en faveur d'un prix plus juste du pétrole, a expliqué vendredi le ministre du Pétrole Eulogio del Pino.
Mais cette semaine vient de prouver au Venezuela qu'il est de plus en plus isolé sur la scène internationale, y compris dans sa propre région: l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, pays fondateurs du Mercosur, lui ont retiré la présidence tournante du marché commun sud-américain, préférant l'assumer conjointement.
Le pays se voit reprocher de n'avoir ratifié, depuis son adhésion en 2012, qu'un nombre restreint des normes juridiques du Mercosur. Il devra s'y plier d'ici le 1er novembre, sous peine de se voir suspendu.
Furieux, Caracas a dit refuser cette décision et garder la présidence, donnant lieu à une situation ubuesque pour ce bloc régional fondé en 1991.
- Tensions internes -
Cet accrochage se rajoute aux tensions internes que vit le pays pétrolier, dont l'économie a sombré avec la chute des cours du brut, affichant désormais la pire inflation au monde, attendue à 720% cette année par le FMI, et une pénurie touchant 80% des aliments et médicaments.
"Que cherche Maduro? Faire croire qu'ici, il ne se passe rien", explique à l'AFP l'analyste Milagros Betancourt.
"Il ne veut pas perdre plus de légitimité internationale car à l'échelle nationale, il l'a perdue depuis déjà longtemps", estime-t-elle, mais "le pays n'est pas en conditions de réaliser ce sommet. La question de l'insécurité et des pénuries fait qu'il sera de faible importance".
En accueillant ce sommet, "ce que cherche véritablement (le gouvernement), c'est une photo (de famille) très coûteuse pour essayer de cacher la grave crise interne et l'isolement international du Venezuela", juge l'analyste Kenneth Ramirez, de l'Université centrale du Venezuela.
L'opposition accuse le gouvernement de dépenser des millions dans cet événement qui selon elle ne sert qu'à "se donner une bonne image" et "maquiller" la situation interne.
"Ils sont en train de monter un spectacle qui se moque des Vénézuéliens qui ont faim", affirme l'ex-candidat à l'élection présidentielle Henrique Capriles.
"C'est une réunion de dictateurs", clame le président du Parlement Henry Ramos Allup.
L'île touristique a été le théâtre de tensions ces dernières semaines, avec une trentaine de personnes arrêtées après des manifestations et concerts de casseroles lors de la venue du président Maduro.
Elles ont toutes été libérées depuis, sauf le journaliste chilo-vénézuélien Braulio Jatar, ce qui a tendu les relations entre Caracas et Santiago.
Par précaution, le gouvernement a déployé dans la région plus de 14.000 policiers et militaires.
Un millier de personnes, avec à leur tête Diosdado Cabello, numéro deux du pouvoir vénézuélien, ont défilé vendredi à Porlamar pour exprimer leur soutien au président Maduro.
Ces partisans du régime, jeunes en majorité et vêtus de rouge, ont scandé des slogans révolutionnaires et brandi des drapeaux au pied d'une statue de bronze de Hugo Chavez, le défunt président vénézuélien (1999-2013), qui fut le leader de la gauche radicale latino-américaine.
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