Dans cet ancien bastion des séparatistes prorusses, Jean-Marc Ayrault et son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, ont observé un pont en ruines sur la rivière Kazenny Torets, qui traverse cette ville reprise par les forces de Kiev en juillet 2014.
La visite des ministres européens a pour but de relancer la dynamique des accords de paix de Minsk, dont la mise en oeuvre "avance à pas d'escargot", a déploré mercredi le chef de la diplomatie allemande.
Paris et Berlin tablent notamment sur la signature prochaine d'un accord de démilitarisation dans trois zones pilotes dans l'est, afin de relancer le processus de paix et permettre l'organisation à l'automne d'un sommet des dirigeants français, russe, allemand et ukrainien.
"Avec mon collègue, nous cherchons à créer les conditions pour organiser un sommet avec le président Hollande, la chancelière Merkel et les présidents Porochenko et Poutine", a déclaré M. Ayrault. "Nous sommes très impliqués" pour faire de nouveaux "pas vers la paix", a-t-il ajouté, s'exprimant en anglais.
Les deux ministres étaient arrivés dans la matinée à Kramatorsk, une autre ville sous contrôle des forces ukrainiennes proche de la ligne de front.
- 'Ne répétez pas Munich 1938' -
Se rendant dans un bâtiment des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ils avaient été accueillis par une quarantaine de manifestants opposés à l'idée d'accorder un statut d'autonomie aux régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk.
"Ne répétez pas Munich 1938", symbole historique de la capitulation diplomatique des démocraties européennes face à l'Allemagne nazie, "Nous disons non au statut spécial pour le Donbass" ou "Nous sommes l'Ukraine", proclamaient les banderoles des manifestants.
Les ministres ont ensuite rencontré des responsables de l'OSCE dans la région, qui leur ont présenté le quotidien de leur mission d'observation des violations du cessez-le-feu dans la zone. Ils leur ont également montré des échantillons de mines, grenades et autres engins explosifs retrouvés dans la zone.
L'Ukraine est en proie depuis plus de deux ans à un conflit l'opposant à des séparatistes prorusses qui sont, selon Kiev et les Occidentaux, soutenus militairement par la Russie, ce que Moscou dément.
Des accords de paix, signés à Minsk en février 2015, prévoient une série de mesures politiques et économiques pour mettre fin au conflit.
L'ensemble de ces mesures, notamment des élections dans les zones séparatistes, n'a cependant pas encore été mis en place, les deux parties s'en rejetant la responsabilité.
Les Ukrainiens doivent notamment modifier leur Constitution pour donner davantage d'autonomie aux régions rebelles et organiser ces élections. Mais ces mesures provoquent de vifs débats à Kiev, où elles sont considérées comme un risque de légaliser de facto le séparatisme et de déstabiliser le reste de l'Ukraine.
Les Occidentaux considèrent pour leur part les élections comme un moyen de réintégration politique des territoires séparatistes.
- 'Risque d'escalade de la violence' -
Malgré l'instauration de plusieurs trêves, la dernière en date remontant au 1er septembre à l'occasion de la rentrée scolaire, les affrontements se sont poursuivis dans l'est de l'Ukraine.
Dans son dernier rapport, concernant la journée du 13 septembre, l'OSCE indique avoir enregistré 275 explosions dans la région de Donetsk, la plupart concentrées dans la région de Avdiïvka-Iassynouvata, à quelques kilomètres du fief rebelle de Donetsk.
"Si la situation s'est améliorée depuis le dernier cessez-le-feu le 1er septembre, la situation le long de la ligne de front reste très instable (...) Il y a un réel risque d'escalade de la violence à tout moment", a déclaré Zeid Ra'ad Al Hussein, Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, dans un communiqué publié jeudi.
Selon l'ONU, le conflit a fait près de 9.640 morts et 22.431 blessés depuis son déclenchement.
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