Comme de coutume, la vérité des chiffres doit se situer entre ces deux assertions. La mobilisation, sans surprise, est tout de même moindre que lors des mouvements printaniers contre la loi Travail, comme l'avoue un représentant CGT: "La mobilisation n'est pas au même niveau qu'entre mars et juin, mais la colère est toujours là. Le personnel de l'hôpital psychiatrique de Saint-Etienne-du-Rouvray, par exemple, doit faire face depuis 15 jours à l'annonce de 39 suppressions de poste. Eux se battent pour leur survie."
2000 personnes selon les syndicats, 300 selon la police
Si son emploi n'est pas directement menacé, Thomas, cariste sur le site logistique Renault de Grand-Couronne et syndiqué à la CGT, a lui aussi tenu à venir battre le pavé: "Nous sommes une trentaine sur 150 venus manifester ce matin. On veut montrer qu'on ne lâche rien, même si la loi a déjà été votée. Si on l'accepte telle quelle, c'est la porte ouverte à tous les abus. On veut donc son abrogation, comme ce qui s'est passé à l'époque des manifestations anti-CPE. Le gouvernement avait fini par retirer la loi, on veut faire la même chose."
Certains, moins optimistes, ont tout de même tenu à faire acte de présence. C'est le cas de Gérard, 60 ans, retraité de la SNCF depuis 3 ans: "Dès que j'ai entendu qu'une manifestation allait être organisée à la radio, j'ai voulu en être. Je pense à mes enfants et mes petits-enfants, leurs perspectives d'avenir avec cette loi. Même si elle est déjà promulguée, je tiens à venir pour montrer mon ras-le-bol contre cette loi et surtout contre ce gouvernement qui se dit de gauche. De toute façon, depuis 30 ans, ce sont les gouvernements de gauche qui font passer toutes les lois qui pénalisent les travailleurs, pas ceux de droite. Et il faut voir de quelle manière: le 49.3 qu'ils ont utilisé pour la loi travail, c'est un vrai déni de démocratie."
"Y'en a ras-le-bol"
Ce sentiment de "ras-le-bol" se retrouve tout au long du cortège. Les sonos de la CGT crachant le slogan "Y en a ras-le-bol/de ces guignols/ qui votent des lois/ que veut le patronat" résument bien l'atmosphère ambiante.
En tête de cortège, des groupes de jeunes sont plus vindicatifs, tout de noir vêtus et visages masqués. "Ils n'ont pas d'appartenance précise, mais on peut parler de jeunesse anarchiste. La plupart ont fait Nuit Debout", indique un responsable de FO. A demi-mot, il ajoute regretter leur caractère ingérable : "Chaque fois c'est pareil, ils n'en font qu'à leur tête, ils veulent la tête du cortège, et dès que les flics rappliquent, ils viennent nous voir pour qu'on les aide".
La devanture de l'ancien local du PS taguée
Cette fois encore, c'est la devanture du local du Parti Socialiste, rue de la République, qui a concentré la colère des manifestants, une cinquantaine ayant commencé à taguer la devanture.
Stationnés non loin de là, les CRS chargent d'entrée, pour éviter que la situation ne dégénère. Les grenades lacrymogènes lancées et les mouvements de foule qui s'en suivent font craindre un temps la transformation précoce de la marche en bataille rangée, mais le cortège finit par se reformer et repartir comme si rien ne s'était passé. Le défilé, suivant un itinéraire classique, a ensuite remonté la rue de la République, puis a emprunté la rue Lecanuet, en direction de la Préfecture.
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