"Aujourd'hui, c'est la remise en cause de notre avenir. Et les Alsthommes, on ne va pas se laisser bouffer !", lance Olivier Kohler, délégué CFDT d'Alstom Belfort, devant quelque 250 salariés réunis mardi en AG dans la cour.
Presque une semaine après le "coup de marteau", avec l'annonce par la direction d'Alstom de transférer l'activité du site belfortain vers le site bas-rhinois de Reichshoffen d'ici à 2018, l'usine qui fabrique les motrices de trains à grande vitesse tourne au ralenti.
Les syndicats ont appelé les salariés à "lever le pied" et à ne "plus mettre la main dans le cambouis", sans toutefois lancer d'appel à la grève.
"Il n'est pas question de se remettre au travail, il n'est pas question de faire comme si de rien n'était", explique Olivier Kohler à ses camarades.
Hué par moments, le syndicaliste peine à convaincre ses camarades avant de leur lancer un vibrant appel, au nom des quatre organisations syndicales d'Alstom Belfort, "à se mobiliser" jeudi dans les rues, suscitant des applaudissements nourris de ses collègues.
- "Faire peur à la direction" -
"Jeudi, il faut qu'on fasse peur à la direction (...) Il faut que Henri Poupart-Lafarge (PDG d'Alstom), dans son bureau, entende un peu ce qu'il se passe ici", martèle le syndicaliste qui promet de donner "des frissons aux Belfortains".
Il faudra montrer que les "Alsthommes sont présents, et que les Alsthommes sont là pour se battre !", dit-il devant les salariés.
Jeudi, la manifestation prévue à Belfort contre la loi Travail, dans le cadre d'un appel national des syndicats, a été transformée en manifestation de mobilisation "pour Alstom".
Reçu lundi et mardi à Bercy et par la direction d'Alstom, le député-maire (LR) de Belfort, Damien Meslot, s'est déclaré "profondément choqué" par un message du PDG d'Alstom adressé mardi aux salariés du site. Dans ce message, il estimait "impossible" de maintenir à Belfort une activité industrielle.
"On s'y attendait. Mais on va se battre, même si on perd tout. Eux (la direction, NDLR) ne gagneront rien", promet un salarié.
Pour William, chaudronnier-soudeur à Alstom Belfort depuis 29 ans, partir travailler en Alsace n'est pas envisageable.
"Ca fait vraiment loin", dit-il. "Malheureusement, c'est toujours le même discours. (La direction) nous parle de Reichshoffen, c'est tout", explique ce salarié, qui a rencontré le directeur du site, Alain Courau, venu dans la journée voir des salariés dans les ateliers.
"Bien sûr qu'on a envie de se battre, c'est quand même un site historique. On ne va quand même pas laisser tomber tous les anciens venus travailler ici. Il y a une mémoire, les murs sont imprégnés de (leur) sueur", explique cet homme pour qui Alstom est aussi une histoire de famille: deux de ses frères ayant été "des Alsthommes".
Le maire belfortain tiendra un conseil municipal extraordinaire sur Alstom mercredi et a appelé mardi à une opération "ville-morte" le 24 septembre.
De son côté, la présidente PS du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay (PS), a dit à l'AFP, à l'issue de sa rencontre à Paris avec le PDG d'Alstom, en compagnie d'autres élus franc-comtois: "Maintenant il faut laisser du temps au temps pour la négociation (...) Ce n'est pas en 48 heures qu'on aura une réponse. Nous gardons une vigilance extrême et nous avons dit au PDG que nous ferons tout pour empêcher la fermeture du site".
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