La contre-offensive de l'ancien Premier ministre conservateur portugais intervient au lendemain d'une "clarification" demandée par son successeur Jean-Claude Juncker, lui-même critiqué jusque là pour ne pas avoir suffisamment pris la mesure du problème éthique posé.
Le recrutement de l'ex-dirigeant européen a soulevé une vague d'indignation, qui s'est exprimée notamment par des pétitions de citoyens et de fonctionnaires européens. Le président français François Hollande l'avait qualifié de "moralement inacceptable", accusant notamment la banque d'avoir contribué au trucage des comptes publics de la Grèce.
Des eurodéputés de plusieurs formations de gauche ont réclamé mardi la saisine de la Cour de justice de l'UE pour savoir si ses nouvelles activités "constituent une violation par M. Barroso de ses devoirs d'honnêteté et de délicatesse". Pour eux aucun doute : son recrutement "symbolise une dérive inacceptable, celle du conflit d'intérêts de responsables politiques".
M. Hollande a apporté mardi son soutien aux initiatives prises la veille par l'actuel chef de la Commission, Jean-Claude Juncker. Ce dernier, tout en prenant ses distances, s'était jusqu'à présent borné à rappeler que M. Barroso n'avait pas formellement violé le code de bonne conduite signé par les commissaires européens.
Mais après avoir été interpellé par la médiatrice de l'UE, M. Juncker s'est résolu à demander à son prédécesseur "des clarifications sur ses nouvelles responsabilités et les termes de son contrat de travail" avec Goldman Sachs, promettant de soumettre la réponse à l'avis, non contraignant, d'un comité d'éthique.
- 'Clarifications' demandées -
Les "clarifications" de M. Barroso n'ont pas tardé à arriver, sous la forme d'un courrier adressé à son successeur, daté de mardi et que s'est procuré l'AFP. Il y affirme avoir respecté toutes les règles. Il souligne qu'il n'a pas été embauché comme lobbyiste, ni comme conseiller sur des questions liées au Brexit, mais pour donner "des conseils liés aux affaires de la banque avec ses clients".
M. Barroso se plaint auprès de M. Juncker du traitement qui lui est réservé par l'actuelle Commission, dont un porte-parole avait indiqué lundi qu'il serait considéré comme un lobbyiste lambda lors d'éventuelles visites à Bruxelles. "Ces actions sont non seulement discriminatoires mais elles apparaissent en plus comme incompatibles avec des décisions prises concernant d'autres anciens membres de la Commission", proteste-t-il.
"Vous avez d'abord suggéré que je serai reçu à la Commission avec un statut autre qu'ancien Président, et qu'ensuite, si nécessaire, vous demanderez l'avis du comité ethique ad hoc sur ce sujet", observe M. Barroso. "Je n'ai jamais demandé une position privilégiée mais je ne voudrais pas être discriminé", ajoute-t-il.
L'ancien patron de la Commission se dit inquiet qu'une "décision à propos de son statut ait déjà été prise", avant même cette saisine. "Si c'est le cas, je voudrais comprendre comment cette décision a été prise, par qui et sur quels fondements".
Il juge "sans fondements et complètement imméritées" les critiques et interrogations sur son intégrité. "Elles sont discriminatoires à mon égard et contre Goldman Sachs", se défend-il.
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