En ce moment

Paris (AFP). La déferlante de procès pour terrorisme met la justice en difficulté

Alors que se succèdent les attentats et les interpellations de jihadistes présumés, la justice française tente de s'organiser face à la déferlante annoncée de procès pour terrorisme.

Paris (AFP). La déferlante de procès pour terrorisme met la justice en difficulté
Le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, visite la prison de Béziers (Hérault), le 1er septembre 2016 - AFP/Archives

"Dans l'état de notre procédure et de nos moyens, nous ne pouvons pas absorber cette masse d'affaires nouvelles": le constat est de Catherine Champrenault, procureure générale à la cour d'appel de Paris, un des postes de pilotage de l'antiterrorisme en France.

Elle prévoit déjà une augmentation "exponentielle" des procès.

La cour d'assises spéciale de Paris, composée uniquement de magistrats professionnels, et qui juge tous les crimes terroristes en France, traitait jusqu'ici 3 ou 4 affaires par an, concernant des Corses, des Basques, des Kurdes ou, déjà, des islamistes.

Rien qu'en 2017, le nombre devrait passer à sept ou huit, dont deux procès fleuve. Celui du frère de Mohamed Merah, qui avait tué 7 personnes dont 3 enfants juifs en 2012, devrait durer un mois. Celui de la cellule jihadiste de "Cannes-Torcy", accusée d'un attentat contre une épicerie casher la même année, pourrait prendre trois mois.

D'un côté une affaire avec plus de 200 parties civiles, et de l'autre des assises avec dix-neuf personnes mises en cause. Pourtant, ces procès-fleuve ne sont rien à côté de ceux des attentats de 2015, encore à l'instruction, avec des parties civiles se comptant par milliers.

Le tribunal correctionnel de Paris, qui juge les délits, est aussi concerné: semaine après semaine y défilent des "filières" d'hommes et femmes partis combattre au côté du groupe État islamique (EI) dans la zone irako-syrienne.

- Plus de 250 détenus en attente de jugement -

Actuellement, plus de 250 personnes attendent dans les prisons françaises d'être jugées pour des délits ou crimes liés au terrorisme.

Dès lors, se pose la question des moyens matériels d'une justice que son propre ministre, Jean-Jacques Urvoas, qualifiait il y a peu de "clochardisée".

Se pose aussi la question des peines face à ce nouveau terrorisme de masse dont l'accusation entend clairement durcir la répression. Mme Champrenault avait ainsi suggéré au printemps de porter à quinze ans de prison la peine maximale, en correctionnelle, pour certains délits liés au terrorisme.

Mais le gouvernement n'a pas voulu bouleverser un code pénal qui réserve les peines de plus de dix ans aux criminels jugés aux assises.

Le parquet a donc décidé de s'aider lui-même et, fort d'une décision en juillet dernier de la Cour de cassation, va renvoyer plus fréquemment aux assises les "associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", en particulier les hommes et femmes partis faire le jihad après les attentats de janvier 2015.

- 'Glissement' sécuritaire -

Pour Virginie Duval, présidente du principal syndicat de magistrats, l'USM, "la démarche du parquet est compréhensible", mais "implique une prise en charge plus lourde".

Devant les assises "il y a un travail sur la personnalité des accusés qui est différent, cela mobilise plus de magistrats (ndlr: 7 contre 3 en correctionnelle)", dit-elle, en réclamant "des recrutements massifs".

Clarisse Taron, présidente du Syndicat de la magistrature (SM), organisation orientée à gauche, s'inquiète elle d'un "glissement" sécuritaire. "On est sur un mouvement de fond qui consiste à dire à nos concitoyens: voyez, on fait quelque chose puisqu'on va les renvoyer devant des cours d'assises".

"On ne s'intéresse plus à ce que les gens ont fait ou n'ont pas fait, ce qui est l'essence du droit pénal. On s'intéresse surtout au danger potentiel", s'inquiète Me Martin Pradel, qui a défendu nombre de jihadistes présumés au tribunal correctionnel.

L'avocat perçoit une "dérive" de la justice antiterroriste, qui déroge déjà sur beaucoup de points du droit commun: gardes à vue plus longues, assises spéciales, accusation centralisée à Paris...

Certains vont déjà beaucoup plus loin. Nicolas Sarkozy propose ainsi de remettre en place une "Cour de sûreté". Cette juridiction d'exception, en partie militaire, créée en 1963 par le général de Gaulle pour contrer l'OAS, avait été supprimée en 1981 après l'arrivée de la gauche au pouvoir.

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

En direct
Petites Annonces
Immobilier
Pavillon sur sous-sol 130 m2 CHAMPEAUX (50530)
Pavillon sur sous-sol 130 m2 CHAMPEAUX (50530) Champeaux (50530) 322 400€ Découvrir
Maison à vendre Carantilly
Maison à vendre Carantilly Carantilly (50570) 120 600€ Découvrir
Maison de ville
Maison de ville Granville (50400) 254 400€ Découvrir
Maison de maître
Maison de maître Jullouville (50610) 265 000€ Découvrir
Automobile
VAN AMENAGE toit relevable
VAN AMENAGE toit relevable La Remuée (76430) 42 000€ Découvrir
Grand C4 Spacetourer Blue HDi
Grand C4 Spacetourer Blue HDi Caumont-sur-Aure (14240) 16 500€ Découvrir
VOLKSWAGEN TRANSPORTER VAN AMENAGE VOLKSWAGEN T6 L1H1  Van
VOLKSWAGEN TRANSPORTER VAN AMENAGE VOLKSWAGEN T6 L1H1 Van Mont-de-Marsan (40000) 17 890€ Découvrir
CARAVANE CARAVELAIR BRASILIA 450
CARAVANE CARAVELAIR BRASILIA 450 Villeneuve-d'Ascq (59491) 2 800€ Découvrir
Bonnes affaires
Armoire de cuisson et rangement camping
Armoire de cuisson et rangement camping Lille (59000) 50€ Découvrir
Leica Q2 19051 à l'état neuf
Leica Q2 19051 à l'état neuf Lyon (69001) 2 900€ Découvrir
Razer Blade 17 Ordinateur Portable de jeu (PC GAMER+Casque+Souris) Neuf
Razer Blade 17 Ordinateur Portable de jeu (PC GAMER+Casque+Souris) Neuf Lyon (69001) 1 900€ Découvrir
Sonos Arc Set+3x ones+sub gen 3 (Neuf)
Sonos Arc Set+3x ones+sub gen 3 (Neuf) Lyon (69001) 1 900€ Découvrir
L'application mobile de Tendance Ouest
Inscrivez vous à la newsletter
Les pronostics avec Tendance Ouest
L'emploi avec Tendance Ouest
L'agenda des sorties de Tendance Ouest
Les concerts avec Tendance Ouest
Paris (AFP). La déferlante de procès pour terrorisme met la justice en difficulté