"C'est globalement calme sur tous les fronts, surtout dans les régions de Damas, d'Alep et d'Idleb, hormis quelques roquettes tirées dans le sud juste après le début de la trêve", a dit à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), mentionnant les principales zones de combats entre rebelles et régime.
L'accord américano-russe pourrait "être la dernière chance de sauver" la Syrie, a déclaré le secrétaire d'Etat John Kerry, quelques heures après l'entrée en vigueur de la trêve lundi à 19h00 heure locale (16h00 GMT).
L’opposition et la rébellion, affaiblies sur le terrain, n'ont pas encore donné leur accord formel à la trêve et ont demandé des "garanties" à leur allié américain, alors que prévaut le scepticisme sur le succès de ce nouveau cessez-le-feu.
Le régime a donné son approbation à l'accord conclu vendredi par les Etats-Unis et la Russie, et a annoncé le gel de ses opérations militaires "sur le territoire pendant sept jours".
Comme lors de la précédente trêve fin février qui avait duré quelques semaines, les groupes jihadistes Etat islamique (EI) et Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda), qui contrôlent de vastes régions du pays, en sont exclus.
Les Etats-Unis ont confirmé lundi avoir tué dans un bombardement aérien le numéro deux de l'EI, Abou Mohammed al-Adnani, le 30 août près de Al Bab, dans le nord-ouest du pays.
Si elle tient, cette cessation des hostilités devra déboucher sur une collaboration inédite entre Moscou et Washington contre les deux groupes jihadistes. Elle devra permettre l'acheminement d'aides humanitaires sans entrave aux zones assiégées, notamment dans la ville divisée d'Alep (nord).
- 'Pas beaucoup d'espoir' -
Selon le correspondant de l'AFP dans la partie prorégime d'Alep, le dernier tir provenant du secteur rebelle a été entendu à 18h55 (15h55 GMT). Dans la partie rebelle, le calme règne depuis 17h00 (14h00 GMT).
En dépit de la fête musulmane de l'Adha, les rues des quartiers rebelles d'Alep sont restées quasiment vides. Dans les quartiers gouvernementaux de la ville, il y avait plus d'animation.
Les Etats-Unis et la Russie, parrains respectivement des rebelles et du régime, cherchent à travers l'accord de trêve de favoriser une reprise des négociations entre régime et rebelles pour arrêter l'effusion de sang qui a tué plus de 290.000 personnes, poussé à la fuite des millions de Syriens et favorisé la montée en puissance de l'EI.
"Nous pensons que la seule solution réaliste et possible au conflit est au bout du compte une solution politique", a dit M. Kerry.
Mais la tâche est très difficile, tant le conflit est complexe. Le président Bachar al-Assad a répété, malgré la trêve, sa "détermination à reprendre aux terroristes toutes les régions" du pays, éloignant toute perspective d'une solution politique rapide.
- 'La méfiance est grande' -
Dans la soirée, des groupes rebelles ont réitéré dans un communiqué leurs réserves concernant l'accord de trêve, sans le rejeter formellement. Ils ont souligné leur "refus" que leur allié Front Fateh al-Cham continue d'être visé par les bombardements.
L'accord stipule un cessez-le-feu de 48 heures, renouvelables, dans toutes les régions à l'exception de celles où l'EI et le Front Fateh al-Cham sont présents. Mais il n'est pas précis sur les régions concernées par la trêve.
Pour M. Kerry, le régime devrait s'abstenir de mener des raids "dans toute zone où se trouve l'opposition et sur laquelle on s'est mis d'accord". Or dans plusieurs zones, les rebelles sont alliés au Front Fateh al-Cham considéré comme "terroriste" par Washington et Moscou.
L'armée russe, qui aide militairement M. Assad, a annoncé qu'elle suspendait ses frappes "sur tout le territoire" à l'exception des zones où se trouvent les groupes "terroristes", sans préciser lesquelles.
Concernant la coopération inédite russo-américaine, un responsable du Pentagone a souligné que "tout le monde est prêt pour appliquer rapidement cet accord si on dépasse le seuil" d'une semaine.
Même si la trêve devait durer sept jours, cela n'impliquerait pas automatiquement le début de la coopération, a dit un autre responsable. "Les délais sont courts mais la méfiance est grande".
Avant le début de la trêve, 13 civils ont péri à Idleb (nord-ouest) et 13 dans la ville rebelle de Douma près de Damas où le correspondant de l'AFP a vu des enfants à la tête ensanglantée tremblant dans un hôpital de fortune.
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