L'annonce de cette trêve vendredi, après des semaines de discussions entre les Etats-Unis et la Russie, parrains respectivement de l'opposition et du régime, intervient au moment où les insurgés sont en difficulté sur le terrain après avoir perdu la dernière bataille d'Alep.
Cette énième tentative de stopper la violence est censée débuter lundi à 19H00 (16H00 GMT) et coïncidera avec l'Aïd el-Adha, la grande fête musulmane du sacrifice.
A l'exception d'un groupe islamiste qui l'a rejeté, la rébellion et l'opposition politique n'ont toujours pas réagi officiellement à l'accord conclu à Genève, tandis que le régime de Bachar al-Assad et ses alliés - l'Iran et le Hezbollah libanais - ont affirmé qu'ils le respecteraient.
Elle est prévue pendant 48 heures, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Michael Ratney. Si elle tient, elle pourrait être renouvelée de nouveau de 48h, a précisé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov qui a négocié l'accord avec son homologue américain John Kerry.
Mais la circonspection est de mise après l'échec de toutes les initiatives diplomatiques menées depuis cinq ans et demi pour mettre fin à un conflit ayant fait plus de 290.000 morts, provoqué l'exode de millions de Syriens et favorisé la montée en puissance du groupe jihadiste Etat islamique (EI) responsable d'attentats meurtriers notamment en Occident.
Si opposition et différents groupes rebelles n'ont pas encore réagi officiellement, le groupe influent Ahrar al-Cham a rejeté l'accord, estimant qu'il ne fera que "renforcer" le régime de Damas. "Le peuple (syrien) ne peut pas accepter des demi-solutions", a affirmé Ali el-Omar, adjoint du commandant général du groupe dans un discours diffusé sur YouTube.
- 'Guère d'espoir' -
Un premier accord russo-américain de "cessation des hostilités" entré en vigueur le 27 février a volé en éclats après des violations répétées des belligérants.
En pratique, l'accord appelle à l'arrêt de toutes les attaques, y compris les raids de l'aviation - principal atout du régime - contre les rebelles.
Il préconise également un accès humanitaire sans entrave aux zones assiégées, comme Alep, principal front du conflit. Il prévoit une "démilitarisation" de la route du Castello au nord d'Alep, unique axe de ravitaillement pour les rebelles avant sa prise en juillet par le régime, pour acheminer l'aide.
Mais les raids aériens et les bombardements se sont poursuivis sur tous les fronts dans le pays.
L'aviation du régime a bombardé la partie rebelle assiégée dans l'est d'Alep, tuant six civils dont trois enfants et blessant une trentaine, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Des habitants des quartiers rebelles où vivent quelque 250.000 personnes, ne semblent pas avoir beaucoup d'espoir.
"Nous prions pour qu'il y ait un cessez-le-feu afin de donner un répit aux civils" après "des bombardements jour et nuit", a déclaré Abou Abdallah. Mais, dit-il, "la population n'a plus guère d'espoir".
- 'Assez de la guerre' -
A Douma, ville rebelle près de Damas assiégée depuis 2013, le conseil local qui gère les affaires des civils a annoncé dans un communiqué soutenir la trêve, et appelé à la paix, sous le slogan "Assez de la guerre".
Samedi, des frappes d'avions non identifiés ont tué au moins 62 morts, dont 13 enfants, dans la ville rebelle d'Idleb (nord-ouest), à l'heure où les habitants faisaient leurs achats pour célébrer l'Aïd el-Adha, selon l'OSDH dimanche.
L'importance de la nouvelle trêve annoncée réside dans le fait que si elle est respectée sept jours d'affilée, Russes et Américains créeront un "centre conjoint" pour coordonner des frappes contre les deux principaux groupes jihadistes en Syrie.
Il s'agit de l'EI et du Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda), tous deux considérés comme "terroristes" par les deux pays.
Washington doit convaincre les groupes rebelles dits modérés de se dissocier de Fateh al-Cham, leur influent allié dans les provinces d'Alep et d'Idleb.
Or il s'agit d'un des principaux obstacles à l'application de l'accord, les rebelles comptant sur l'aide de Fateh al-Cham, aguerri et bien organisé, dans toute bataille contre le régime.
"L'accord russo-américain vise à éliminer ceux qui protègent les Syriens", a réagi Mostafa Mahamed, un porte-parole de ce groupe.
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