Des groupes de partisans de l'opposition ont célébré ce succès "historique", en chantant et dansant. Ils ont notamment fait le tour de Mahé, l'île principale sur laquelle est située Victoria, en klaxonnant et en agitant des drapeaux aux couleurs de leur coalition.
"Depuis très longtemps on attendait que cela se produise, on a enfin retrouvé la liberté", a expliqué à l'AFP l'un d'entre eux, Joe Constance.
"Ce que je ressens, c’est mieux que le Noël ou le jour de l'An, c’est une victoire pour nous et pour les Seychelles", a confié de son côté Carène, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.
La coalition d'opposition Linyon Demokratik Seselwa (LDS/"Union démocratique seychelloise", en créole) a obtenu 15 sièges de députés, contre 10 au Lepep ("Le peuple"), l'ex-parti unique, au pouvoir depuis 1977.
Roger Mancienne, chef de la LDS, a estimé que ces résultats étaient "historiques pour notre pays" et dit ressentir "une certaine fierté".
L'opposition a affirmé qu'elle souhaitait travailler dans un esprit cordial avec l'exécutif, dans l'intérêt du peuple seychellois. Le président James Michel, qui est aussi le chef du gouvernement, a accueilli avec satisfaction cette promesse.
"Je suis content d’entendre que l’opposition est prête à se joindre au gouvernement pour mettre en avant ces valeurs, pour que notre pays puisse continuer de progresser", a-t-il déclaré.
"Le peuple a parlé, le peuple a décidé. La décision du peuple est ultime et mon parti respecte l'opinion du peuple", a-t-il ajouté.
Quelque 70.000 électeurs étaient appelés au urnes, sur les 90.000 habitants des Seychelles, archipel de 115 îles dans l'Océan indien, qui vit principalement du tourisme et de la pêche, et est également connu pour être un paradis fiscal.
La coalition d'opposition a recueilli 48,37% des voix, contre 48,01% pour le Lepep. Les deux blocs obtiennent ainsi en sus chacun quatre députés désignés à la proportionnelle.
- Modèle américain -
L'Assemblée nationale est composée d'un maximum de 35 députés, dont 25 élus directement. Les 10 autres sièges sont attribués à chaque parti en fonction de sa représentation proportionnelle (un poste pour chaque tranche de 10% des votes).
L’opposition fait donc son retour à l’Assemblée nationale, la chambre unique du Parlement, après avoir boycotté les précédentes élections législatives en 2011.
Dans l’Assemblée sortante, avec le Lepep, seul le petit Mouvement démocratique populaire (PDM), disposait d'un siège, obtenu sur décision de justice. Il avait été le seul parti de l'opposition à prendre part au scrutin de 2011.
La LDS est centrée sur le Parti national des Seychelles (SNP), dont le leader, Wavel Ramkalawan, était passé tout près de remporter l'élection présidentielle de décembre 2015.
Il n'avait été devancé que de 193 voix par le président sortant James Michel, réélu pour un troisième mandat avec 50,15% des suffrages.
Jamais une présidentielle aux Seychelles ne s'était décidée sur une marge aussi infime. C'était la première fois depuis le retour du multipartisme que le candidat du Lepep était poussé à un second tour.
La victoire de l'opposition ne débouche pas sur une cohabitation à la française, avec un président et un Premier ministre de couleur politique différente, mais plutôt sur un modèle américain, où l'exécutif doit parfois composer avec une chambre ou un congrès hostile.
Pour cette élection, le SNP s’était allié à quatre petits partis dont Lalyans Seselwa ("L'alliance seychelloise"), laquelle est composée d'anciens cadres du Lepep, pour former la LDS.
Le SNP a obtenu 11 des sièges de la LDS et Lalyans Seselwa 4.
Il n'existe pas de différences idéologiques fondamentales entre le Lepep et ses opposants. Mais le premier s'estimait garant de la stabilité économique du pays, alors que l'opposition le disait victime de l'usure du pouvoir.
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