"Oui, on peut dire que c'est un peu un sport, beaucoup de fun et surtout l'occasion de rencontrer des collègues d'autres parcs nationaux, échanger des expériences", dit Tunde Ludnai, 40 ans, l'une des deux Hongroises venues à la compétition pour la trosième fois déjà organisée par le Parc national Kiskunsagi, dans le centre de la Hongrie.
En promouvant le fauchage à la main, le Parc national de Biebrza, dans le nord-est de la Pologne, veut favoriser la protection des espèces d'oiseaux aquatiques dans les vastes marécages qui s'étendent à perte de vue autour de la rivière dont il porte le nom.
"Nous faisons tout cela pour la protection de l’environnement, pour protéger certaines espèces d'oiseaux en voie de disparition. Si on laisse les arbres et les haies pousser ici, si on ne fauche pas l’herbe, de nombreuses espèces d’oiseaux n’auront plus d'endroit pour vivre et ils vont simplement disparaître, nous allons les perdre à jamais", explique à l'AFP Artur Wiatr, responsable du Parc national, le plus grand parc naturel de Pologne et l'un des plus grands d'Europe.
Il s'agit notamment de sauver l'emblématique phragmite aquatique, un petit oiseau rarissime. Près de 15% de la population mondiale de ce passereau, qui ne compte plus qu'entre 12.000 à 20.000 individus, vit dans les marécages de Biebrza.
Le Belge Tom Verschraegen, environnementaliste de l'agence flamande Nature et Forêts (ANB) vient ici depuis cinq ans participer à la compétition et admirer la région.
"Nous ne sommes pas aussi bons (en fauchage) que les habitants d'ici, les gardes forestiers locaux sont bien meilleurs que nous mais il est agréable de le faire et on revient chaque année ici avec plaisir", dit-il.
Le champion 2016 est un effet un agriculteur du coin, Rafal Brych qui a coupé une piste de 100 mètres en 3:07'28. Il a été le meilleur des quarante six participants, agriculteurs, gardes forestiers et écologistes, venus de différents coins de la Pologne mais aussi de Hongrie, du Bélarus et de Belgique. En quinze ans, les championnats sont devenus un événement international.
- Les femmes aussi -
Sept femmes ont aussi tenté l'épreuve. Anna Kasprzak, 42 ans, comptable, est venue avec sa soeur, chef d'exposition au musée du Fort Osowiec. Elles forment un duo, "Les faux aiguës", pour les épreuves en couple.
"Avant tout, pour bien faucher, il faut bien aiguiser la faux et comme mon père disait toujours, il faut bien accrocher l'herbe avec la pointe de la faux et bien appuyer par le talon", dit Katarzyna Worona, 49 ans, l'aînée et presque experte pour avoir déjà participé aux Championnat l'an dernier.
"La faux doit être très bien aplatie à l'aide d'un marteau", ajoute cette femme vêtue d'un chemisier blanc, un collier au cou.
Pour sa soeur, c'est une grande première: c'est une novice qui a saisi la faux pour la première fois de sa vie il y a deux semaines.
Au cours des siècles, les agriculteurs ont fauché les marécages à la main, une tradition quasi disparue. C'est aussi la méthode la plus écologique.
"On ne peut pas utiliser ici de tracteurs, ils s'enfonceraient trop dans les tourbières tout en les détruisant, explique Lukasz Mucha, responsable d'une organisation ornitologique, OTP.
Pour trouver une solution, il a fallu faire venir des montagnes des dameuses adaptées pour couper l'herbe. Ces engins à chenilles peuvent sans problème aller dans les terrains marécageux sans détruire le sol.
Ainsi, depuis quelque années, une dizaine de machines Ratrak, création d'ingénierie locale, parcourent dès la mi-août des dizaines d'hectares de marécages de Biebrza à la place des faucheurs à la main.
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