"L'idée était, bien sûr, de parler de la guerre, d'entendre des explosions, de voir des morts... Mais tout cela pour évoquer des choses bien plus importantes que sont les souffrances des hommes et les rapports humains", a expliqué Emir Kusturica, réalisateur, scénariste et acteur de son film.
Deux fois palme d'or à Cannes, le cinéaste de 61 ans est de retour sur la lagune où il a aussi été primé à deux reprises, en 1981 avec son premier opus "Te souviens-tu de Dolly Bell ?" et en 1998 avec "Chat noir, chat blanc", récompensé par un Lion d'argent.
A la fois poétique et violent, "On the Milky Road" se déroule dans un village de montagne pendant la guerre des Balkans. Chaque jour, Kosta (Emir Kusturica) traverse la ligne de front au péril de sa vie pour transporter à dos d'âne des bidons de lait pour les combattants.
Chanceux dans sa mission, alors que les balles sifflent autour de lui, aimé par une jeune femme du pays, il semble promis à un destin heureux après le conflit.
Jusqu'au jour où une mystérieuse réfugiée venue d'Italie (Monica Belluci) vient bouleverser son existence.
Entre eux débute une histoire d'amour qui les entraînera dans une fuite rocambolesque où M. Kusturica distille ce mélange de burlesque et de poésie dont il est coutumier.
"Je remercie Emir de m'avoir confié un rôle aussi complet, celui d'une femme douce, féminine, maternelle mais qui, lorsqu'elle est dans l'action, n'a pas de scrupules", a déclaré Monica Bellucci.
- 'Savoir gérer la beauté' -
"C'est un film qui dit que la sensualité, la sexualité dans l'amour sont une question d'énergie avant d'être une question d'âge, c'est un message d'espoir très beau", a ajouté l'actrice de 51 ans.
Alors que son personnage affirme dans une scène que sa beauté ne lui a apporté que des problèmes, la "Bellissima" a pour sa part évoqué "une arme à double tranchant": "elle suscite de la curiosité mais aussi de la violence, donc il faut savoir gérer la beauté".
"Cela dit, je la vois davantage comme un cadeau que comme une malédiction, aussi parce qu'il suffit d'attendre un peu pour qu'elle passe", a-t-elle poursuivi.
Interrogé sur le choix d'une actrice italienne, Emir Kusturica a expliqué avoir placé dans son film cette femme italienne "parce que Monica Bellucci est Italienne".
"Je voulais démontrer qu'elle pouvait pleurer, exprimer ouvertement des émotions, chose qu'elle ne fait pas souvent dans ses films. Je voulais la faire chanter aussi car cela donne des moments de grande sensualité", a souligné l'auteur de "Papa est en voyage d'affaires", Palme d'or à Cannes en 1985.
Omniprésente dans la filmographie de M. Kusturica, la musique des Balkans accompagne le film, comme elle l'avait fait en particulier dans "Underground", sa deuxième palme d'or à Cannes, en 1995. Mais plus de Goran Bregovic: le cinéaste a confié la musique à son fils Stribor Kusturica.
Autre élément central, la nature qui interagit avec les personnages et influence les événements. Elle est représentée par les animaux qui, chaque jour, aide Kosta dans sa mission: un oiseau de proie, un âne, un serpent... Si importants qu'ils en sont cités dans le générique de fin.
"Je cherchais des paysages capables de représenter la profondeur de l'espace intérieur d'un homme et d'une femme qui tombent amoureux et sont prêts à se sacrifier dans la nature", a précisé Kusturica qui a travaillé quatre ans sur ce projet.
"Je ne suis pas de ceux qui disent +Parfait+ au premier clap parce qu'il faut comprendre que, sur l'écran, l'erreur apparaîtra plus grande qu'elle ne l'était au départ", a-t-il conclu.
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