La Fifa montre ainsi sa volonté de ne pas ménager ses anciens responsables, après l'élection en février d'un nouveau président, Gianni Infantino, dont l'ambition est de redorer l'image d'une institution éclaboussée par le pire scandale de corruption de son histoire.
La justice interne de la Fifa a annoncé vendredi avoir ouvert cette enquête pour des soupçons de "conflit d'intérêt" et "corruption" à l'encontre de Blatter, son ancien secrétaire général, le Français Jérôme Valcke et l'Allemand Markus Kattner, ancien directeur financier.
L'ouverture de cette enquête fait suite à des accusations portées début juin par l'instance suprême du foot mondial contre ses trois anciens dirigeants.
Selon la Fifa, les trois hommes se sont partagé 80 millions de dollars au cours des cinq dernières années "dans un effort coordonné d'enrichissement personnel", via contrats et bonus.
- Le camp Blatter conteste -
L'instance avait alors indiqué avoir livré ces informations à la justice suisse et vouloir les partager avec la justice américaine. "Certains contrats contiennent des dispositions qui semblent violer le droit suisse", expliquait alors la Fifa au sujet des avenants et systèmes de bonus de ses trois anciens dirigeants.
Entre autres exemples, la Fifa affirmait que M. Valcke et M. Kattner avaient bénéficié en 2011 de "prolongations de contrat de 8,5 ans jusqu'en 2019" avec "des primes de départ généreuses leur garantissant le paiement intégral, jusqu'à 17,8 millions de dollars et 9,9 millions de dollars respectivement, dans le cas où leur emploi avec la Fifa s'arrêtait, si M. Blatter n'était pas réélu".
Sollicité vendredi par l'AFP, M. Blatter n'a souhaité faire aucun commentaire.
Mais selon l'entourage des deux hommes, lui et M. Kattner contestent vivement ces accusations, assurant que ces sommes ne sont pas exactes car une grande partie n'a pas été versée aux trois mis en cause.
Ces sources font en outre valoir que ces avenants ont été validés par les organes compétents de la Fifa et que les sommes figurent dans les rapports financiers annuels de la Fifa, audités par le cabinet KPMG.
- Webb banni à vie -
Blatter, également poursuivi par la justice suisse, a déjà été suspendu huit ans par la justice interne de la Fifa pour un paiement controversé de 1,8 M EUR à Michel Platini, alors président de l'UEFA. Sa suspension a été réduite à six ans en appel. Le Suisse a ensuite fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui n'a pas encore rendu sa décision. La suspension de Platini a elle été réduite à 4 ans par le TAS.
Valcke a lui été limogé pour son implication présumée dans la revente au marché noir de billets du Mondial-2014 et a été suspendu pour douze ans de toute activité liée au football, suspension réduite à dix ans en appel.
Kattner a été remercié le 23 mai pour des "manquements".
Par ailleurs, la justice interne de la Fifa a suspendu à vie vendredi Jeffrey Webb, ancien dirigeant de la Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf) et l'un des principaux protagonistes du scandale qui ébranle l'instance depuis mai 2015.
Originaire des îles Caïmans, M. Webb, 51 ans, a été reconnu coupable notamment de "conflit d'intérêt" et "corruption". Extradé aux Etats-Unis après avoir été arrêté en mai 2015 en Suisse, il a plaidé coupable devant la justice américaine de malversations, fraude, racket et blanchiment d'argent.
L'homme au train de vie somptuaire a trouvé un arrangement avec la justice américaine, acceptant de payer plus de 6,7 millions de dollars d'amende dans le cadre de sa condamnation. Il devrait être fixé sur sa peine en novembre.
Au total, 40 dirigeants de fédérations de football et hommes d'affaires sont dans le viseur de la justice américaine, accusés d'avoir reçu des pots-de-vin dans le plus vaste scandale de corruption de l'histoire du football.
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