Le scénario tant redouté s'est finalement produit: face à une chute programmée de 30% de la charge de travail de ses usines françaises, Alstom a sacrifié un de ses sites d'assemblage, celui de Belfort.
"La direction d'Alstom a partagé un projet qui vise à recentrer ses activités exclusivement sur le service", c'est-à-dire la maintenance de trains, tandis que "les activités d'ingénierie et de production seront progressivement, sur une période de deux ans, transférées vers le site de Reichshoffen", dans le Bas-Rhin, a indiqué le groupe à l'AFP.
Confronté à "la baisse des commandes et des projets d'investissement", le constructeur ferroviaire explique qu'il "se devait d'adapter son outil industriel pour ne pas mettre l'ensemble des sites à risque".
"Tous les salariés recevront, s'ils le souhaitent, une proposition de transfert" vers d'autres sites en France d'ici 2018, assure Alstom, qui n'évoque ni fermeture ni plan social pour l'usine de Belfort.
"Cette annonce signifie pour nous la fermeture ni plus ni moins de Belfort", a déclaré à l'AFP Olivier Kohler, délégué CFDT du site. Selon lui, sur les 500 salariés actuels, seuls les 50 affectés à la maintenance des trains resteront sur place.
Claude Mandart, délégué central CFE-CGC, estime pour sa part qu'il "ne resterait sur Belfort qu'une centaine de personnes" d'ici deux ans.
Le député-maire (LR) de Belfort, Damien Meslot, s’est dit "consterné par cette décision qui menace directement près de 400 emplois à Belfort à l'horizon de deux ans" et qui n'est selon lui "pas conforme aux engagements d’Alstom".
- Inquiétudes pour d'autres usines -
"Alstom fait une croix sur son établissement historique, où a été fabriquée la première motrice TGV", a insisté M. Kohler.
Installée depuis 1879 à Belfort, l'entreprise y a produit sa première locomotive à vapeur en 1880, avant de se développer également dans les turbines et l'énergie, une activité cédée à l'américain General Electric fin 2015.
Un an plus tôt, en décembre 2014, les syndicats alertaient déjà sur des menaces de suppressions de postes dans la branche transports à Belfort.
Or, le carnet de commandes du groupe ne s'est pas rempli depuis, Alstom voyant même lui passer sous le nez un récent contrat de 44 locomotives diesel, achetées à son concurrent allemand Vossloh par Akiem, filiale de la SNCF et de la Deutsche Bank.
L'usine de Belfort n'avait plus que quelques locomotives à fabriquer pour la SNCF et l'Azerbaïdjan jusqu'en 2018, puis pour la Suisse jusqu'en 2021.
Celle de Reichshoffen (1.000 salariés à ce jour), où sont assemblés les trains régionaux, n'a pas beaucoup plus de visibilité. La commande de 30 nouveaux trains Intercités promise en février par le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, n'a ainsi toujours pas été concrétisée.
Le site de Valenciennes (1.250 salariés), où Alstom construit ses métros et trains de banlieue, est quant à lui suspendu au choix de la SNCF et du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) pour leur RER "nouvelle génération", attendu à l'automne.
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