Contrairement aux juges de Toulon et de Nice, qui ont suspendu des arrêtés similaires à Nice, Cannes et Fréjus après la décision du Conseil d'Etat, le tribunal administratif de Bastia a rejeté la requête de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) qui a immédiatement annoncé son intention de se pourvoir devant le Conseil d'Etat.
Au nom du "respect des libertés garanties par les lois", la plus haute juridiction administrative française avait suspendu le 26 août un arrêté pris par la commune de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), donnant ainsi un coup d'arrêt aux interdictions des tenues "ne respectant pas la laïcité" sur les plages publiques prises cet été par une trentaine de communes du littoral.
Le juge de Bastia fait bien référence à cette ordonnance mais estime qu'"en l'espèce", le maire de Sisco était fondé à prendre cette mesure.
"Compte tenu des récents événements du 13 août 2016, de leur retentissement et du fait que l'émotion n'est pas retombée, la présence sur une plage de Sisco d'une femme portant un costume de bain de la nature de ceux visés" serait "de nature à générer des risques avérés d'atteinte à l'ordre public qu'il appartient au maire de prévenir", écrit le tribunal dans un communiqué sur sa décision.
"En statuant ainsi alors que les événements qui servent d'alibi à cette décision ne reposent en rien sur le port de ce vêtement, le tribunal administratif de Bastia cautionne l'idée que le simple port de ce vêtement de bain serait de nature à troubler l'ordre public", a réagit la LDH, qui estime que "cette thèse, qui fait fi de la liberté individuelle, n'est pas acceptable".
"C'est un soulagement pour moi et ma population, et même, je crois, pour toute la Corse", a réagi auprès de l'AFP le maire socialiste de Sisco Ange-Pierre Vivoni.
Notant que "beaucoup d'élus et de Siscais étaient présents pour (le) soutenir", il s'est dit satisfait que le tribunal administratif ait "donné raison à un élu".
- Quinze arrêtés en Corse -
"Tout le monde parlait du burkini, moi je n'ai jamais parlé de burkini", a-t-il précisé.
L'arrêté interdit "l’accès aux plages et la baignade à toute personne n’ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité ainsi que le port de vêtements pendant la baignade ayant une connotation contraire à ces principes".
"Je ne suis contre personne", a assuré M. Vivoni, "tout le monde peut venir vivre à Sisco". "Mon arrêté n'était pas de la prévention, je l'ai pris pour la sécurité des biens et personnes de ma commune, je risquais d'avoir des morts !", avait-il expliqué il y a quelques jours à l'AFP.
Quinze autres maires corses, appartenant à l'Association des maires ruraux de Corse, ont annoncé mardi avoir pris par "solidarité" envers M. Vivoni, le même arrêté.
Une violente rixe s'est déroulée sur une plage de Sisco le 13 août, opposant des villageois de la région de Sisco à trois frères marocains de Furiani. Ces derniers ont été reconnus par le parquet de Bastia comme étant à l'origine des incidents qui avaient nécessité l'intervention de cent gendarmes et policiers pour ramener le calme.
Le procureur de la République de Bastia avait précisé que la rixe n'avait pas été déclenchée par une photo d'une musulmane se baignant en burkini.
Cinq hommes doivent être jugés le 15 septembre à Bastia pour ces faits de violences.
Une trentaine de communes du littoral français, dirigées en majorité par la droite sur la Côte d'Azur, avaient interdit cet été le maillot de bain intégral musulman, y voyant un signe de radicalisation et de prosélytisme religieux.
Contesté en référé, l'arrêté de Villeneuve-Loubet, validé dans un premier temps par le tribunal administratif de Nice, avait été retoqué par le Conseil d'Etat qui avait souligné qu'une restriction de l'accès aux plages ne pouvait être justifiée qu'en cas de "risques avérés" pour l'ordre public.
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