Qu'est-ce que ce camp parisien pour migrants ?
Ce "dispositif de premier accueil" se veut une alternative à la rue et aux campements indignes qui se sont reconstitués dans le nord de la capitale depuis un peu plus d'un an.
L'idée est "que toutes les personnes soient accueillies dignement, et que très vite on puisse leur offrir une orientation adaptée à leur situation", explique Aurélie El Hassak- Marzorati, directrice générale adjointe d'Emmaüs Solidarités qui assure la gestion.
Le dispositif se déclinera en deux pôles: un centre parisien, destiné aux hommes, sera implanté sur le site d'un ancien entrepôt de fret de la SNCF, porte de la Chapelle. Il sera complété d'ici la fin de l'année par une structure pour publics vulnérables (femmes et les enfants), en banlieue sud de Paris.
Ces centres seront provisoires, en attendant leur réaffectation déjà programmée (deux ans à Paris). Le centre parisien aura une capacité de 400 places environ, avec une montée en puissance possible jusqu'à 600 d'ici la fin de l'année.
Comment fonctionnera-t-il ?
Une cellule d'accueil, installée dans une bulle gonflable hors du bâtiment et ouvert de 8 à 20 heures, permettra une pré-évaluation par les travailleurs sociaux d'Emmaüs et l'Ofii (Office français d'immigration et d'intégration), qui auront aussi une mission d'information, de repérage des plus vulnérables.
Un "point santé" permettra au Samu social de procéder à un diagnostic infirmier, notamment psychologique.
L'hébergement se fera dans le bâtiment en dur, subdivisé en huit îlots, avec des chambres en bois préfabriqué de 4 personnes, chacune disposant d'un lit, d'une armoire et d'une prise électrique pour brancher le portable. Le centre proposera aussi une buanderie, des douches... mais pas de cuisine: les repas seront distribués trois fois par jour.
L'accès sera conditionné à la présentation d'une carte nominative avec une photo.
Y a-t-il eu des précédents ?
Présenté comme respectant les normes internationales lors de son annonce-surprise fin mai, le dispositif s'inspire des expériences menées en Allemagne, notamment dans la Sarre et à Münich, mais aussi de celle de Grande-Synthe dans le Nord. Le centre veut concilier dignité de l'accueil et ambition architecturale. Code couleur, signalétique des façades confiée à des artistes... on se veut loin des gymnases avec alignement de lits de camps.
Le plus gros des installations sera "réversible", le camp étant amené à déménager lorsque le bâtiment sera réaffecté, explique l'architecte Julien Beller.
L'investissement sur le centre parisien est de 6,5 millions d'euros, financé à 80% par la Ville et 20% par l'Etat. Pour le fonctionnement, on table sur 8,6 millions d'euros annuels, dont 7,24 millions pour l'Etat: cela correspond à une coût de 40 euros par jour et par personne. Au total l'Etat consacrera "au moins 15 millions d'euros en année pleine" au projet, selon Emmanuelle Cosse.
Où iront les migrants ensuite ?
Les migrants ont vocation à rester "5 à 10 jours" dans le centre, a indiqué Anne Hidalgo, avant d'être orientés en fonction de leur situation personnelle: demandeurs d'asile en Cada, migrants éligibles à l'asile en CAO, réfugiés dans des logements dédiés...
Ceux qui ne veulent ou ne peuvent demander l'asile sortiront du dispositif de prise en charge.
Cela suppose de connaître la situation administrative de chacun, ce qui sera possible en sortie de dispositif, la mairie ayant posé l'accueil inconditionnel comme principe à l'entrée.
Le protocole fixant les modalités doit être signé entre les services de l'Etat et la ville dans les jours à venir.
Quel rôle pour riverains et bénévoles ?
"Il y a de la place pour tout le monde", assure Aurélie El Hassak Marzorati, qui évoque une multitude de missions: distribuer des vêtements, créer du lien... Seule condition: il faudra accepter d'être estampillé "bénévole Emmaüs".
La responsable espère aussi récupérer des vêtements ou des "kits hygiène", auprès des particuliers mais aussi des entreprises.
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