L'enjeu de ce match et des deux années d'éliminatoires sur la route de la Coupe du monde en Russie est simple pour la "Pioche": faire que son talent s'exprime enfin avec régularité et non par intermittence.
Car, dire que Pogba a été en deçà des espérances lors du Championnat d'Europe est un doux euphémisme, à la mesure de tout le talent qu'on lui prête, mais aussi de l'importance qu'il a bien voulu se donner avant la compétition, déclarant notamment vouloir "révolutionner le milieu de terrain" et même "devenir une légende".
En résumé, il s'est inutilement ajouté de la pression à la pression, déjà immense compte tenu des énormes attentes autour des Bleus, dans ce tournoi continental à la maison.
Didier Deschamps a d'abord tout fait pour trouver la bonne formule pour mettre son prodige dans les meilleures conditions, le déplaçant notamment de droite à gauche dans son 4-3-3. En vain. Pire, des gestes techniques qui caractérisent parfois son génie, on aura surtout retenu ce bras d'honneur, qui n'était évidemment pas une "sarabande" comme il l'a lui-même affirmé, contre l'Albanie (2-0).
Puis, Deschamps a consenti à donner les clés à Antoine Griezmann en attaque. Et dans ce 4-2-3-1 probant, Pogba s'est alors vu imposer un travail de l'ombre, en duo de récupérateurs avec Blaise Matuidi. Ce dont il s'est acquitté sans broncher, sacrifiant un peu plus son influence dans le jeu offensif.
- En 4-2-3-1 avec Mourinho -
La déception à titre individuel et la frustration à titre collectif d'être passé tout près d'un sacre européen, Pogba les a vite digérées en devenant le joueur le plus cher de l'histoire (105 M EUR), avec son transfert de la Juventus Turin à Manchester United. Un retour chez les Red Devils en forme de revanche pour lui qui n'avait disputé que 71 minutes sous ce maillot en trois saisons (2009-2012).
C'est un été torride que vit le Français depuis lors, mais les évènements, les sollicitations, la pression semblent glisser sur lui. D'autant qu'autour de lui, Zlatan Ibrahimovic et José Mourinho, également arrivés à l'intersaison, monopolisent autant l'attention entre charisme, talent et ambitions incarnés.
Depuis le début de saison, chose intéressante et peut-être instructive pour Deschamps à l'heure de ses hésitations tactiques, Mourinho utilise Pogba sur son côté gauche préférentiel, mais dans un milieu à deux. Et pour l'heure le Français de 23 ans s'en accommode plutôt bien.
Jeudi contre l'Italie, cependant, le sélectionneur l'a replacé à droite de son 4-3-3. Le milieu à cinq des Azzurri imposait ce système, d'autant plus que Moussa Sissoko n'était pas en mesure de débuter la rencontre après son aller-retour express la veille à Londres pour s'engager avec Tottenham.
- Leadership à imposer -
Mais Pogba, plus affûté que la plupart de 21 autres acteurs, a vite trouvé son rythme, offert deux passes décisives et a fini très fort la rencontre.
Contre les Bélarusses, après cinq jours favorables à l'optimisation de l'état de forme de Sissoko, il est possible que Deschamps rebascule en 4-2-3-1 et que Pogba redescende d'un cran. Mais si le système est désormais moins prévu en fonction de lui, rien ne doit l'empêcher de donner enfin la pleine mesure de son talent.
En dépit de son changement de statut qui en fait un prétendant au Ballon d'Or, Griezmann a prévenu en début de rassemblement qu'il ne voulait pas "devenir un cadre" en équipe de France, juste "continuer de marquer et de faire marquer".
Pogba a lui un leadership naturel à développer, à imposer et les Bleus auront inévitablement besoin de son talent dans leur nouvelle aventure. Au-delà de tout système.
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