Même si la déclaration finale du sommet de Hangzhou (est de la Chine) devrait réaffirmer une unité de façade pour soutenir le commerce international et relancer la croissance, jamais les pays du G20 n'ont adopté autant de nouvelles mesures pour restreindre les échanges de biens et services depuis sept ans.
Le rythme de progression du commerce mondial s'est effondré sous la barre des 3% depuis la crise financière de 2008-2009, contre plus de 7% lors des deux décennies précédentes.
La Chine, qui accueille le sommet, est d'ailleurs accusée par l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis de créer des distorsions sur le marché mondial de l'acier en l’inondant avec sa colossale production excédentaire.
Brexit oblige, les chefs d'Etat s'efforcent désormais de rassurer leurs concitoyens à l'approche d'échéances électorales importantes, notamment en France et en Allemagne l'année prochaine.
Mais le regain de réticence est surtout perceptible aux Etats-Unis ou le candidat républicain à la Maison Blanche Donald Trump, mais aussi sa rivale démocrate Hillary Clinton, ont d'ores et déjà exprimé leur opposition à de futurs accords commerciaux comme celui négocié actuellement avec l'UE (TTIP ou TAFTA).
Si le président américain Barack Obama est arrivé à Hangzhou afin de donner un coup d'accélérateur pour boucler cet accord avec Bruxelles avant son départ de la Maison Blanche en janvier, son homologue français François Hollande a plutôt exprimé son intention d'y donner un coup de frein.
"La France est pour une mondialisation, mais à condition qu'elle soit régulée, qu'il y ait des principes, des normes, notamment pour l'environnement, pour le social", a affirmé M. Hollande peu après l'atterrissage de son avion à Hangzhou.
Dans les jours qui ont précédé le sommet du G20, le gouvernement français a durci sa position.
Le Premier ministre Manuel Valls a exigé "un coup d'arrêt clair" dans les négociations et le secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Matthias Fekl a prévenu que Paris demanderait à la Commission européenne en septembre l'arrêt pur et simple des négociations.
- 'Rien de nouveau sous le soleil' -
"Rien de nouveau sous le soleil", a toutefois répliqué le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lui aussi à Hangzhou. Il a assuré que les négociation ne seraient pas interrompues et que Bruxelles conservait son mandat pour les mener, en dépit des contestations exprimée non seulement à Paris, mais aussi à Berlin.
Le ministre allemand de l'Economie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a estimé que les discussions avaient de facto échoué car les Européens ne devaient pas céder aux exigences des Etats-Unis. La chancelière conservatrice Angela Merkel continue néanmoins de défendre le projet, dans un pays qui se rendra également aux urnes en 2017.
Mais face à la poussée du parti populiste AfD, qui a remporté dimanche un succès électoral important dans une région de l'ex-RDA communiste, Mme Merkel plaide désormais pour une meilleure répartition des bénéfices des échanges commerciaux.
"La mondialisation n'a pas qu'une connotation positive, elle entraîne aussi des inégalités accrues entre différents groupes, différentes populations (...) La lutte contre les inégalités est un thème important pour durablement lier croissance et justice sociale", a-t-elle affirmé lors du G20.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau était sur la même ligne.
Partant du constat que "les classes moyennes travaillent plus dur que jamais et ont l'impression de ne pas s'en sortir", il a plaidé samedi à Hangzhou pour une meilleure répartition des fruits de la mondialisation.
Ses propos interviennent à un moment où le traité de libre-échange UE-Canada (Ceta) fait face lui aussi à une contestation croissante, notamment en Allemagne où une plainte signée par 125.000 personnes a été déposée auprès de la Cour constitutionnelle allemande contre l'accord.
M. Trudeau n'en a pas moins lancé un avertissement à ceux qui se laisseraient tenter par des programmes comme ceux de M. Trump.
"L'isolement, la construction de murs ou le fait de nous renfermer sur nous-mêmes ne créent ni des opportunités, ni de la croissance ni des bénéfices pour la classe moyenne", a-t-il affirmé, en allusion au mur que le candidat républicain prévoit de bâtir sur la frontière mexicaine.
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