Au total, ces violences ont fait sept morts dans tout le Gabon, dont cinq civils à Libreville, un civil à Port-Gentil, la capitale économique, et un policier à Oyem dans le nord, selon un décompte de l'AFP.
Mais des rumeurs invérifiables d'un bilan plus lourd, notamment à Port-Gentil, circulent dans le pays, toujours privé dimanche de connexion internet.
Plusieurs Gabonais semblent avoir disparu durant les derniers jours. Dimanche matin à Libreville, au moins deux personnes interrogées par l'AFP cherchaient un proche dont ils sont sans nouvelles depuis la nuit de mercredi à jeudi, date de l'assaut armé des forces de sécurité contre le siège de l'opposant Jean Ping.
"Je cherche mon fils Jocelyn. Il était au QG de Jean Ping", témoigne Jacqueline, tandis qu'un autre habitant affirme ne pas avoir de nouvelles de son frère. "Nous l'avons cherché dans les commissariats, à la police judiciaire, au CHU d'Owendo, à la polyclinique Chambrier, et même dans plusieurs entreprises de pompes funèbres", raconte-t-il.
De manière générale, l'information est une denrée rare au Gabon ces jours-ci. Le gouvernement ne communique pas depuis plusieurs jours.
Le journal L'Union, très favorable au pouvoir, n'est pas paru depuis mercredi. "Nous avons fait l'objet d'un incendie. Nous ne pouvons pas travailler", indique à l'AFP son directeur de la publication, Lin-Joël Ndembet, qui ignore quand le quotidien pourra revenir en kiosque.
Les locaux de deux télévisions privées, Radio-Télévision Nazareth (RTN) et Télé Plus, ont aussi été attaqués, a constaté un journaliste de l'AFP dimanche matin.
Les locaux de RTN ont été incendiés et sa régie détruite "mercredi soir par des agents des forces de l'ordre cagoulés et fortement armés", selon son PDG, le pasteur Georges Bruno Ngoussi.
- Repli sur les médias français -
"Le câble co-axial a été sectionné. Ce sont des connaisseurs. Ils savent que c'est le câble de connexion du signal avec le satellite Eutelsat", commente le pasteur dont la télévision ne peut plus émettre ni par satellite, ni pas voie hertzienne, ni par internet.
Selon lui, les attaques contre RTN ont commencé dès le 28 août quand son média diffusait les tendances de l'élection de la veille, "bureau de vote par bureau de vote", avec un avantage à Jean Ping.
"Ils ont frappé en même temps le QG de Ping, RTN et nous ici à Télé Plus", affirme Franck Nguéma, qui a fondé cette chaîne indépendante dont les locaux exigus se trouvent sur le front de mer.
Il affirme que sa chaîne a été attaquée par des "commandos" comme à plusieurs reprises dans le passé. Régie détruite, CD-Rom d'archives par terre, dossiers éparpillés... : la même scène qu'à RTN se répète dans les locaux de Télé Plus.
"Nous avons repris la diffusion dans d'autres endroits. Nous diffusons le message de Jean Ping", assure M. Nguéma.
Dans ce message lu vendredi soir, l'opposant revendiquait le titre de "président élu" et demandait un nouveau décompte des voix par bureau de vote, seule condition d'"apaisement" selon lui. Dieudonné Apérano lui-même, le représentant du parti présidentiel à Paris, a annoncé dimanche sa démission et appelé Ali Bongo à reconnaître la victoire de son rival.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon, a quant à lui annoncé avoir téléphoné dimanche à MM. Bongo et Ping pour les appeler "à faire cesser immédiatement les actes de violence dans le pays".
Faute d'informations sur les chaînes indépendantes, les Gabonais se repliaient sur les médias français comme RFI, France 24 ou TV5 Monde, dont les envoyés spéciaux se trouvent à Libreville mais sont absents en province.
Des chaînes gabonaises continuaient aussi d'émettre comme Kanal 7, et surtout les deux chaînes publiques proches du pouvoir : Télé Gabon diffusait dimanche après-midi des annonces de série télévisée, tandis que Gabon 24 annonçait en bandeau un report au 6 septembre de la rentrée parlementaire.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.