Cette pratique concerne les sportifs atteints d'une lésion de la moëlle épinière. Outre la paralysie et la perte des sensations dans leurs membres infirmes, ils souffrent également souvent de problèmes de pression sanguine et de rythme cardiaque.
En conséquence, lors d'un effort violent, les personnes en fauteuil ne voient pas leur fréquence cardiaque augmenter à la hauteur des demandes générées par leur corps. D'où des performances en berne, une fatigue liée à de trop faibles pressions sanguines et un manque d'endurance.
Certains, dès lors, compensent ces faiblesses par de l'automutilation sur leurs membres insensibilisés, qui ne ressentent pas la douleur. Avec pour effet d'augmenter la pression sanguine, d'améliorer l'afflux de sang dans les muscles et donc, in fine, d'obtenir de meilleures performances.
Chocs électriques, saignées, blocage de la sonde urinaire pour distendre la vessie, cuissardes trop serrées sur les membres inférieurs, torsion ou écrasement des testicules, fracture du gros orteil... Avec le boosting, le catalogue des horreurs est presque sans fin.
- Risques d'attaque -
"C'est très marginal", relativise Michaël Jérémiasz, porte-drapeau de la délégation française à Rio et joueur de tennis fauteuil. "J'en ai entendu parler lors des Paralympiques (d'hiver) en 2014. Je ne connais pas trop mais ça peut exister, c'est pas plus fou que ceux qui s'injectent du sang. Ca fait partie des trucs complètement fous que certains peuvent faire", estime-t-il.
De fait, le boosting pose surtout une question de santé publique. Ceux qui s'y adonnent peuvent se retrouver en état d'hyper réflectivité autonome (HRA), une urgence médicale bien connue des personnes paralysées, qui peuvent en être victimes dans leur vie quotidienne en réaction à une simple blessure, plaie ou inflammation.
Ce phénomène entraîne une brusque augmentation de la pression artérielle, avec un risque d'attaque cérébrale ou cardiaque potentiellement mortelle.
"Cette méthode (du boosting) est excessivement dangereuse car elle est non maîtrisable", souligne le docteur Jean-Claude Druvert, médecin et chef de mission de la délégation française à Rio.
C'est d'abord sous cet angle que le Comité international paralympique (IPC) s'est penché sur la question. Le boosting est ainsi interdit depuis 2004.
"Concourir dans un état de HRA, que ce soit intentionnellement ou non, met en danger la santé des athlètes. C'est aussi un moyen d'améliorer ses performances", rappelle Peter Van de Vliet, directeur du service médical et scientifique de l'IPC.
- Contrôles plus stricts -
Il y a quelques années, l'agence mondiale antidopage et l'IPC ont rendu publique une étude dont les conclusions avaient de quoi faire frissonner.
"En dépit de leur connaissance des dangers encourus pour leur santé, 16,7% des participants à l'enquête ont indiqué avoir eu recours au boosting pour doper leurs performances, à l'entraînement ou en compétition", notait le rapport, qui s'appuyait sur des données de 2008 et 2009.
Pour détecter un état de HRA, l'IPC a donc décidé de contrôler les athlètes avant leurs épreuves en mesurant leur tension.
Il le faisait déjà partiellement aux Jeux paralympiques de Pékin en 2008 (37 contrôles) puis Londres en 2012 (41 contrôles), pour aucun cas recensé.
Mais pour Rio-2016, et à la suite de l'analyse en profondeur des données de 160 athlètes ces dernières années, l'IPC a revu ses exigences à la hausse en avril dernier.
Désormais, seront interdits de compétition les sportifs qui présenteront une tension supérieure à 160 mmHg, contre 180 mmHg auparavant (pression artérielle systolique, ndlr).
Pour rappel, la médecine générale considère qu'un patient présente une hypertension artérielle quand elle est supérieure à 140 mmHg (il faut aussi prendre en compte la pression artérielle diastolique).
Peter Van de Vliet l'assure: "Il est du devoir de l'IPC de veiller à la santé des athlètes, à l'intégrité du sport et à la protection des athlètes propres".
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