"Je suis libre par rapport à l'argent du Qatar (...) des banques et des multinationales, par rapport à l'UE ou l'Allemagne qui la domine (...) par rapport aux médias (...) par rapport au bilan de cette classe politique (...) par rapport aux ambitions des uns et des autres" a lancé Mme Le Pen devant plus d'un demi-millier de partisans qui ont entrecoupé son discours de près de 45 minutes de "Marine présidente !".
Elle s'est ainsi dressée en contre-modèle de Nicolas Sarkozy, le seul attaqué nommément, "qui se voudrait le champion médiatique de la lutte contre l'islamisme radical" mais qu'elle a accusé d'avoir, début août, fait "allégeance au promoteur mondial du wahhabisme", le roi Salmane d'Arabie saoudite.
Faisant sa rentrée, comme depuis 2014, sur la place centrale de ce petit village acquis au FN (23 voix pour Florian Philippot sur 29 au premier tour des régionales), la dirigeante d'extrême droite a opposé la "France des oubliés" -son slogan depuis 2012- à la "foire aux rustines" et aux "chicaneries politiques" parisiennes, notamment à droite avec la "primaire qui porte bien son nom". Elle a annoncé un nouveau "collectif" sur la ruralité.
Elle ne s'est pourtant guère étendue sur son programme futur, qui sera égrené jusqu'à mai 2017, réaffirmant toutefois vouloir organiser un référendum sur la sortie de l'UE si elle était élue, sans mentionner la négociation préalable avec Bruxelles qu'elle évoque parfois.
Revenant sur la polémique de l'été sur le burkini, contre lequel certains maires ont pris des arrêtés d'interdiction et que le FN comme une large partie de la droite souhaite interdire, elle a affirmé que "la femme est l'égale de l'homme, en tous points, partout, elle a le même droit à la liberté, au respect, à la même faculté de profiter du mode de vie français, à la plage, comme à l'école, dans la rue comme dans l'entreprise".
L'eurodéputée a revendiqué un temps d'avance sur ses adversaires sur "l'immigration de masse" qui se transformerait en "submersion", le "fondamentalisme islamiste, nouveau totalitarisme du XXIe siècle", les "frontières", "la mondialisation sauvage", le "made in France", etc.
"Sur tous ces sujets, ils ont changé dix fois de position, nous nous sommes cohérents, pugnaces, courageux", s'est félicitée Mme Le Pen.
Alors que son bras droit Florian Philippot annonçait un discours "sans polémique politicienne", elle a constamment pilonné ses adversaires qui voudraient "assigner les uns les autres à résidence communautaire".
"Notre position est sans ambiguïté: quelle que soit l'origine, la couleur de peau, l'orientation sexuelle ou la religion, nous ne reconnaissons qu'une seule communauté, la communauté nationale" a-t-elle lancé.
- Le FN cherche à être "audible" -
"Le chemin que je propose est celui de l'apaisement par l'autorité", a-t-elle aussi dit, paraphrasant son slogan de "la France apaisée", se présentant comme "prête" à gouverner dès mai 2017 comme le serait selon elle le FN.
Après un début d'année discret, Marine Le Pen voulait se faire entendre au milieu de la compétition des socialistes et des "Républicains" pour 2017.
Plusieurs frontistes s'inquiètent sur ce sujet, comme un proche de Marion Maréchal-Le Pen qui craint ainsi que le FN soit "très difficilement audible" face à la primaire à droite et que ce soit "très compliqué" de se positionner vis-à-vis du discours particulièrement dur de certains de ses candidats, comme Nicolas Sarkozy.
Le bruyant retrait médiatique de Mme Le Pen a eu un bilan contrasté en termes d'image, d'après les sondages, malgré une situation politique très favorable: contexte sécuritaire, focalisation sur l'islam et la question migratoire, chômage toujours très élevé, mais aussi tensions politiques dans la majorité comme à droite.
Outre une émission sur TF1 le 11 septembre, Marine Le Pen fera son université d'été à Fréjus (Var), mairie FN, les 17-18 septembre. A cette occasion, elle devrait officialiser David Rachline, sénateur-maire de la ville, comme directeur de campagne.
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