Dès le petit matin, une centaine de bénévoles en tenue de montagne se retrouvent au sommet à la gare du Montenvers, à 1.913 mètres d'altitude. Distribution de pique-niques, de gants et de sacs poubelles, et la troupe s'ébranle vers la longue vallée glaciaire qui descend des hauteurs du Mont-Blanc.
Munis de casques et de crampons, un sac poubelle à la main, les apprentis alpinistes scrutent le sol parsemé de rochers charriés par l'avancée du glacier. Seuls quelques capsules et bris de verre rappellent qu'il est arpenté chaque année par des milliers d'alpinistes et de skieurs.
Au fur et à mesure, une glace parcourue de petits ruisseaux perce enfin sous les rochers. Et quelques déchets plus imposants font leur apparition: câbles de téléphériques, boites de corned-beef rouillées, ski en bois et même un passeport des années 1960.
"Nos anciens, notamment les gardiens de refuges, jetaient tout par-dessus bord", explique Jean-Pierre Herschke, 67 ans, président du club alpin français (CAF) de Chamonix, un des organisateurs de l'opération.
"La Mer de Glace, c'est notre terrain de jeu favori. On la pratique aussi bien l'hiver que l'été et on veut que ça soit aussi propre que possible", raconte-t-il.
L'été, les alpinistes s'y initient à la randonnée glaciaire. L'hiver et au printemps, des centaines de skieurs l'empruntent en descendant la mythique Vallée Blanche. Une grotte creusée dans la glace près du Montenvers attire en outre quelque 350.000 touristes par an.
-- 20 tonnes récoltées --
Depuis 2008, des opérations de nettoyage sont menées chaque année pour redonner un peu de son lustre d'antan à cet immense glacier qui change de nom le long de son parcours (Vallée Blanche, Tacul, Leschaux...).
A raison de deux à trois tonnes chaque année, environ 20 tonnes d'ordures ont à ce jour été collectées puis héliportées dans la vallée. "En dix ans, ça a beaucoup évolué, le bas du glacier est bien plus propre", témoigne Bertrand Gentou, guide de haute montagne à Chamonix.
"Il faudrait désormais qu'on s'intéresse à d'autres glaciers, comme celui d'Argentière", estime même Jean-Pierre Herschke, du CAF.
"Je m'attendais à voir plus de déchets", abonde Isabelle Mira, 37 ans, bénévole venue de Chambéry. "Je fais énormément de montagne. Quand tu fréquentes un milieu que tu aimes, t'as envie de le préserver", explique cette membre de l'association Mountain Riders, cheveux bruns et polaire bleue.
Sur la centaine de bénévoles, un tiers sont des salariés de l'équipementier Lafuma, sponsor de l'opération. D'autres sont des partenaires de l'entreprise ou des bénévoles d'associations de défense de l'environnement.
Vendredi, ils ont ramassé 2 tonnes de déchets.
Plus propre, la Mer de Glace continue néanmoins de souffrir des activités humaines. Depuis 1850, le front de glace a reculé de 2 km, sous l'effet du réchauffement climatique. Et elle devrait encore perdre 1,2 km d'ici à 2040, selon les estimations du laboratoire de glaciologie de Grenoble.
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