La Turquie, proche alliée de l'Ouzbékistan, a affirmé par la voix de son Premier ministre Binali Yildirim qu'Islam Karimov était décédé, sans plus de précisions.
La mort de Karimov n'a toutefois pas été officiellement confirmée par le gouvernement ouzbek, peu enclin à évoquer la santé de celui qui dirige sans partage ce pays d'Asie centrale depuis l'époque soviétique.
"Chers compatriotes, c'est le coeur lourd que nous vous informons que l'état de santé de notre président s'est nettement dégradé et que, selon les médecins, il se trouve dans un état critique", ont annoncé vendredi matin les autorités ouzbèkes.
L'annonce, en deux courts paragraphes, a été publié en une des journaux officiels et lue par le présentateur de la télévision publique.
Le gouvernement avait annoncé dès le week-end l'hospitalisation du président, sa fille cadette, Lola Karimova Tilliaïeva, précisant que son père, 78 ans, avait été victime d'une hémorragie cérébrale.
Le site d'opposition Fergana.ru a évoqué jeudi soir d'intenses préparatifs à Samarcande, la ville natale du chef de l'Etat, pour un enterrement.
Un porte-parole de l'agence de sécurité aérienne d'Ouzbékistan a confirmé à l'agence russe Ria Novosti que l'aéroport de Samarcande serait fermé samedi.
Le président du Tadjikistan, Emomali Rakhmon, doit se rendre en Ouzbékistan samedi, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP. Des médias du Kazakhstan voisin ont également annoncé la présence du Premier ministre Karim Maximov.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pour sa part déclaré que Moscou n'avait "reçu aucune information" concernant l'état de santé de M. Karimov.
Né le 30 janvier 1938, le président ouzbek a grandi dans un orphelinat avant de gravir tous les échelons de l'appareil du Parti communiste à l'époque de l'URSS jusqu'à prendre la tête de la république soviétique d'Ouzbékistan. A l'indépendance, en 1991, il se maintient au pouvoir et s'emploie aussitôt à éliminer tous ses opposants.
De nombreuses ONG accusent M. Karimov, réélu en 2015, d'avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d'opposants et soutenu le recours à la torture dans les prisons.
- Quel successeur ? -
Malgré des rumeurs persistantes sur la fragilité de son état de santé, Islam Karimov n'a désigné aucun successeur dans ce pays qui est l'un des principaux exportateurs mondiaux de coton et frontalier de l'Afghanistan.
Un temps favorite, sa fille aînée Goulnara est tombée en disgrâce après avoir comparé son père à Staline. Elle est désormais assignée à résidence. Sans plan de succession, sa disparition risquerait donc d'ouvrir une lutte pour le pouvoir, selon les experts.
"Même si un plan de succession existe, les prétendants vont-ils le suivre? Vu que cette situation est sans précédent pour l'Ouzbékistan en 25 ans après l'indépendance, personne ne sait si les gens suivront les règles une fois l'arbitre parti", s'est inquiété Scott Radnitz, spécialiste du pays auprès de l'Université de Washington.
Selon la Constitution, c'est le président du Sénat qui doit prendre l'intérim du pouvoir en cas d'impossibilité du président à gouverner, mais les experts le considèrent comme un simple exécutant.
Les prétendants les plus crédibles à la succession d'Islam Karimov sont son Premier ministre Chavkat Mirzioïev et le vice-Premier ministre Roustam Azimov, qui sont considérés comme rivaux.
Autre prétendant, le puissant chef de la sécurité Roustam Inoïatov, 72 ans, considéré comme l'un des responsables de la mort de 300 à 500 manifestants lors d'une manifestation à Andijan (est) en 2005 réprimée par les forces de l'ordre.
Ce bain de sang avait provoqué la mise au ban d'Islam Karimov par la communauté internationale.
A l'instar des autocrates kazakh Noursoultan Nazarbaïev et tadjik Emomali Rakhmon, le président ouzbek s'est inquiété de la montée de l'islam radical dans son pays, terre d'origine du Mouvement islamique d'Ouzbékistan (MIO) lié à Al-Qaïda et actif au début des années 2000.
Aujourd'hui, c'est l'éventuel retour de combattants de Syrie et d'Irak qui inquiète les autorités. Plus de 500 Ouzbeks sont partis combattre dans les rangs jihadistes, selon les services de sécurité russes.
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