Un avocat a succombé à ses blessures à l'hôpital, portant le bilan (précédemment de 13 morts) à 14 victimes, a indiqué à l'AFP le chef de la police de la province du Khyber Pakhtunkhwa, Nasir Khan Durrani.
Cinq personnes décédées étaient des avocats et 3 autres des policiers. Les autres victimes sont des civils, a-t-il précisé lors d'une visite sur les lieux du drame à Mardan. L'attentat a également fait près d'une soixantaine de blessés.
"La guerre contre le terrorisme n'est pas encore terminée et les terroristes qui restent encore essaient toujours de frapper des cibles faciles lorsqu'ils le peuvent", a-t-il commenté.
L'assaillant a tiré pour forcer l'entrée du tribunal puis lancé des grenades avant de déclencher sa ceinture d'explosifs, lourde de près de 8 kilos, au milieu de la foule.
"Il y avait de la poussière partout, et les gens hurlaient de douleur", a raconté un témoin, Amir Hussain, président du Barreau de Mardan, qui se trouvait dans une pièce voisine lors de l'explosion.
Le costume couvert de sang, il raconte avoir "ramassé les blessés pour les mettre dans des voitures vers l'hôpital". "Je ne savais pas si ceux que nous portions étaient morts ou vivants".
Les avocats sont visés car ils "sont un élément important de la démocratie et ces terroristes sont opposés à la démocratie", a ajouté le bâtonnier.
L'attaque n'avait pas été revendiquée en fin d'après-midi.
Elle intervient trois semaines après un attentat suicide particulièrement meurtrier qui a décimé le barreau de Quetta, capitale de la province du Baloutchistan, dans le sud-ouest du pays.
- Des kamikazes chez les chrétiens -
A 60 km de Mardan, une autre attaque a visé vendredi à l'aube un quartier chrétien défavorisé de la périphérie de Peshawar, où les quatre kamikazes armés et un garde surveillant le quartier ont été tués, selon l'armée.
Les militaires, appuyés par des hélicoptères, ont échangé des tirs avec les assaillants portant des ceintures d'explosifs qui s'étaient attaqués à ce quartier proche du barrage de Warsak, juste au nord de Peshawar, capitale provinciale du Khyber Pakhtunkhwa.
Une faction des talibans pakistanais, Jamaat-ul-Ahrar (JuA), a revendiqué l'attaque dans un message affirmant que les kamikazes avaient tué de nombreux "infidèles". Les talibans exagèrent souvent leurs bilans.
Cette faction du mouvement taliban pakistanais (TTP) a également revendiqué les deux attaques les plus meurtrières de 2016: un attentat suicide visant les chrétiens à Lahore (centre) qui avait fait 75 morts le week-end de Pâques, et celui visant les avocats à Quetta (sud-ouest) qui avait fait 73 morts le 8 août.
Discriminations et violences sont le lot quotidien des minorités au Pakistan, république islamique dont plus de 90% de la population est musulmane.
Avocats et juges sont également régulièrement visés par des assassinats ciblés ou des attentats.
Des groupes armés, notamment les talibans, s'en prennent à des cibles faciles, comme les tribunaux ou les écoles.
"Le Pakistan doit faire plus pour s'assurer que les groupes vulnérables soient protégés", a réagi l'ONG Amnesty International dans un communiqué.
"Des groupes armés cherchent à saper l'Etat de droit en s'attaquant à la fois aux gens qui le défendent dans les tribunaux et à ceux qu'il devrait protéger", a-t-elle déploré.
Le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a pour sa part assuré que les groupes armés étaient "sur la défensive" mais "ne trouver(aient) nulle part où se cacher au Pakistan".
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