C'est l'une des photos les plus célèbres de l'histoire du foot: Beckenbauer, le bras en écharpe, disputant avec l'Allemagne, malgré la douleur, un match entré dans la légende, contre l'Italie en demi-finale du Mondial-1970 (perdue par la Mannschaft). Aujourd'hui, c'est son aura qui est cabossée: la justice suisse a annoncé jeudi qu'il était poursuivi dans le cadre de l'enquête sur l'attribution du Mondial-2006.
Enfant de Munich, bavarois jusqu'au bout des ongles, celui que les Allemands surnomment "le Kaiser" a fait quasiment toute sa carrière au Bayern Munich, où il s'est créé sur mesure un poste adapté à son talent: libéro, évoluant derrière sa défense mais venant régulièrement faire le surnombre en milieu de terrain, d'où il a marqué la majorité de ses plus beaux buts.
Ce joueur racé et élégant, né dans les ruines de l'après-guerre le 11 septembre 1945, s'est bâti un palmarès exceptionnel avec ses compères Gerd Müller et Sepp Maier dans les années 1960-70 : quatre titres de champion et autant de Coupe d'Allemagne, deux Ballon d'Or, trois succès en Coupe d'Europe des clubs champions ainsi qu'un sacre européen (1972) avec l'équipe nationale et une Coupe du monde (1974) devant son public.
Parti pour une aventure américaine au Cosmos New York en 1977 puis de retour en Bundesliga à Hambourg, le double Ballon d'Or a raccroché les crampons en 1983.
- Success story à la bavaroise -
Appelé très vite sur le banc de la sélection, "l'Empereur" la mène en finale du Mondial-1986, puis décroche le Graal quatre ans plus tard.
Il devient ainsi le premier homme à brandir le trophée mondial comme joueur et comme entraîneur. Sa carrière sur le banc passe ensuite par Marseille, puis par un retour au Bayern pour deux saisons fructueuses avant de prendre sa retraite d'entraîneur en 1994.
Devenu président de "son" Bayern Munich, Beckenbauer est sollicité partout et sur tous les sujets, dans son pays et hors de ses frontières, pour siéger par exemple au comité exécutif de la Fifa.
L'Allemagne lui confie alors la mission de décrocher l'organisation du Mondial-2006, qu'il mènera à bien, pour ce qui deviendra "un conte de fée" outre-Rhin.
C'est pourtant cet événement qui plonge le septuagénaire - au port toujours altier - dans la tourmente, avec les soupçons de corruption révélés par le magazine allemand Der Spiegel, parlant d'achats de vote pour une désignation remportée en juillet 2000 par 12 voix contre 11.
- 'Image emblématique' à revoir... -
Lui le consultant télé et aussi du quotidien Bild, l'homme qui organise un sommet annuel pour parler de l'avenir du sport, reste alors dans l'ombre. A l'époque, fin 2015, le grand quotidien de Munich Süddeutsche Zeitung se demande s'il ne faudra pas revoir "l'image emblématique nationale" de Beckenbauer.
"Je n'ai versé de l'argent à personne pour obtenir des voix dans l'attribution de la Coupe du monde 2006 à l'Allemagne", se contente-t-il d'assurer deux jours plus tard, dans un communiqué de son entourage.
"Et je suis sûr qu'aucun autre membre du Comité d'organisation n'a fait une telle chose", ajoute le "Kaiser" qui, en juin 2014, avait échappé à une suspension de 90 jours de toute activité dans le football pour défaut de coopération dans une enquête sur les Mondiaux-2018 et 2022.
Les déclarations d'intention n'ont pas éteint l'incendie. En mars 2016, la Commission d'éthique de la Fifa a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les conditions d'attribution de la Coupe du monde de football 2006 à l'Allemagne, visant notamment Franz Beckenbauer.
Et la justice suisse enquête maintenant pour "gestion déloyale" et "blanchiment d'argent".
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