Cette habitante rayonnante et volontaire du quartier du Petit-Bard/Pergola met en avant l'aventure collective que représente le combat lancé en 2015 par un collectif de ce quartier pour "la mixité sociale et l'égalité des chances".
"J'estime que nous n'aurions jamais dû avoir à manifester, bloquer des écoles ou donner des interviews pour faire respecter les droits les plus élémentaires", s'indigne la jeune mère en lutte contre les "ghettos scolaires": "Mais nous n'avons pas eu le choix".
Si elle préfère taire son nom de famille, Fatiha revendique haut et fort sa nationalité française. Et s'énerve: "C'est un gros problème en France: même à la troisième ou quatrième génération, on est renvoyé à une origine dont on est fier mais qui est systématiquement présentée comme problématique".
Pour Fatiha, comme pour les autres membres du collectif, c'est un changement de la carte scolaire obligeant les enfants du quartier à aller dans un établissement mal considéré, surnommé localement "le collège des Marocains", qui a été "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase".
"On s'est dit que l'on ne pouvait plus se taire et se laisser faire", raconte-t-elle. Ce sont avant tout des femmes qui ont mené cette lutte mais les hommes "nous ont soutenues et nous ont dit de ne pas lâcher", assure la jeune femme, qui cite la solidarité comme une "valeur très positive" de son quartier.
Depuis début 2015, l'action des parents du Petit Bard/Pergola a pris de multiples formes --contestation auprès des autorités de la carte scolaire et des moyens alloués aux établissements, organisation de tables rondes, blocage de quatre écoles pendant une vingtaine de jours... Le collectif tâche aussi de jeter des ponts vers d'autres quartiers populaires et oeuvre à travailler sur la question avec des enseignants et des chercheurs.
- "Communautarisme forcé -
Fatiha, elle-même a connu "une grande mixité sociale" lors de sa scolarité effectuée à Lunel, à une vingtaine de kilomètres de Montpellier, et "n'imagine pas que d'autres enfants ne puissent pas bénéficier des mêmes chances".
"On ne prétend pas être expertes en pédagogie mais on veut que nos enfants rencontrent l'altérité dès le plus jeune âge, à la maternelle", poursuit celle dont le plus jeune enfant est justement en maternelle. "Nous défendons le vivre ensemble mais il faudrait commencer par le mettre en pratique à l'école puisque nous subissons un communautarisme forcé sur le plan du logement". "On ne se bat pas pour nos propres enfants mais pour tous les enfants", assure-t-elle.
"Il y a du changement depuis le début de notre mobilisation", reconnaît Fatiha: "On a été prises au sérieux, entendues sur certains points mais le chemin est encore long".
Et le programme du collectif de plusieurs centaines de parents d'élève est donc "très chargé" en cette rentrée: ils veulent notamment renforcer le réseau de parents solidaires extérieurs au quartier et celui des collectifs partenaires à travers la France. Puis organiser à Montpellier "début 2017, avant les présidentielles", des "états généraux de l'éducation".
Dans le prolongement de cet engagement, Fatiha a également créé en 2016 une association baptisée "Espoir34" destinée à lutter contre les discriminations en matière d'emploi: "Quand on est dans ce quartier-là, forcément toutes les portes sont fermées, et notamment celle de l'emploi".
"Cela joue aussi sur les perspectives d'avenir des enfants et sur leurs représentations. Si leurs grands frères sont au chômage, ils se disent +à quoi ça sert l'école+ ?+ S'ils ont un stage en troisième, le +réseau+ de leurs parents va les conduire chez un maçon ou un boucher et rarement chez un médecin. Ces questions de discriminations, volontaires ou non, se posent ici plus qu'ailleurs et dès le plus jeune âge", regrette la mère de famille.
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