La rencontre a été annoncée mardi soir par les deux hommes, qui se sont autrefois affrontés à distance mais trouvent apparemment aujourd'hui un intérêt politique à tendre la main à l'autre.
L'invitation du président mexicain est surprenante car peu d'Américains sont aussi impopulaires que Donald Trump au Mexique, un pays sur le dos duquel il a bâti sa campagne électorale et qu'il a accusé d'envoyer ses pires éléments aux États-Unis -- des violeurs, des criminels et des trafiquants de drogue, selon la fameuse description qu'il en fit le jour de sa déclaration de candidature en juin 2015.
Chaque jour ou presque, le républicain martèle qu'il construira un mur à la frontière sud, et demande à ses auditoires qui en paiera la facture... "Le Mexique!" entonnent alors ses partisans. Ce que le président Peña Nieto a catégoriquement rejeté... comparant au passage Trump à Hitler et Mussolini.
"Cette rencontre est incompréhensible du point de vue mexicain. De quoi vont-ils parler ? Du prix du mur ?" dit à l'AFP Alejandro Hope, analyste politique et ancien des services de renseignement mexicain.
Mais la cote de popularité d'Enrique Peña Nieto, élu en 2012, est au plus bas dans les sondages. Le président est en ce moment empêtré dans une affaire de plagiat de sa thèse universitaire.
"Je crois au dialogue pour promouvoir les intérêts du Mexique dans le monde et, principalement, pour protéger les Mexicains, où qu’ils se trouvent", a écrit sur Twitter Enrique Peña Nieto, qui a également invité Hillary Clinton, concrétisant son engagement au dialogue avec le futur président américain, quel qu'il soit.
- Et les clandestins ? -
Quant à Donald Trump, une telle visite est risquée mais présente l'avantages d'être sa première rencontre d'un chef d'Etat en tant que candidat. En Grande-Bretagne en juin, il s'était contenté de visiter ses golfs.
Surtout, il désamorce les accusations de racisme.
"Trump utilise le Mexique et le président Peña pour remonter dans les sondages", a estimé sur CNN l'ancien président mexicain Vicente Fox. "C'est une grande erreur de la part du président Peña".
Tout en vilipendant l'immigration clandestine, Donald Trump a souvent dit que les dirigeants mexicains (de même que les Chinois ou les Russes) étaient plus "intelligents" et "rusés" que les dirigeants américains, jugés trop naïfs.
"Donald Trump n'est pas un politicien standard, c'est un homme d'affaires qui sait qu'il faut rencontrer les gens et les regarder dans les yeux", a argué son colistier, Mike Pence.
Kellyanne Conway, directrice de campagne du républicain, a expliqué sur Fox News qu'ils parleraient d'immigration mais aussi de drogue et... de commerce.
Le milliardaire populiste a en effet promis de renégocier le traité de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, l'Aléna, entré en vigueur en 1994 et accusé d'avoir facilité les délocalisations vers le voisin du sud à main d'oeuvre bon marché.
La presse sera présente à la rencontre, a assuré Kellyanne Conway. Mais l'équipe Trump n'a organisé aucun transport pour les journalistes qui couvrent habituellement le candidat.
La fin de cette folle journée se déroulera à Phoenix, où Donald Trump doit clarifier ses propositions sur le sort des quelque 11 millions de clandestins, en majorité mexicains, qui vivent aux Etats-Unis.
En 2015, Donald Trump avait promis de créer une force de police dédiée à l'expulsion de tous les sans-papiers, un projet titanesque.
Mais mardi dernier, il a évoqué un éventuel "assouplissement", peut-être pour les familles sans problème qui résident ici depuis 15 ou 20 ans. Devant le tollé parmi ses partisans, il a ensuite fait machine arrière.
L'évolution pourrait en fait être plus sémantique que programmatique. En refusant la moindre régularisation, Donald Trump garderait la confiance de la base conservatrice. Mais en focalisant son discours sur les délinquants, et non les travailleurs clandestins ordinaires, il éviterait de se mettre à dos les électeurs plus modérés.
"In fine, ce qui compte est ce que dira Donald Trump aux électeurs dans l'Arizona, pas au Mexique, et s'il continue à vouloir séparer les familles et expulser des millions de personnes", a réagi Jennifer Palmieri, du camp Clinton.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.