L'entrée en vigueur exercera une pression supplémentaire sur les Etats pour qu'ils enclenchent une transition énergétique compatible avec l'objectif de limiter le réchauffement en dessous de 2°C.
- Signer n'est pas ratifier -
L'accord conclu à Paris a été formellement signé par 175 pays en avril à New York. Chaque pays doit ensuite, selon ses propres modalités (vote au Parlement, décret, etc.), ratifier le texte, puis déposer aux Nations Unies un document actant son adhésion.
A ce stade, 23 pays sont allés au bout du processus: surtout des petits Etats insulaires, parmi les plus exposés. De nombreux pays s'apprêtent à le faire dans les prochaines semaines. La Chine et les Etats-Unis, les deux plus gros émetteurs, pourraient faire une annonce conjointe en amont du prochain G20 (4 et 5 septembre à Hangzhou). Ban Ki-moon organise le 21 septembre à l'ONU une réunion pour inciter d'autres pays à préciser leur calendrier.
- 55 pays, 55% des émissions -
L'accord entrera en vigueur lorsque 55 pays représentant au moins 55% des émissions mondiales l'auront ratifié. Si le président français François Hollande s'est montré prudent mardi en estimant qu'une entrée en vigueur d'ici la fin de l'année était "loin d'être acquise", de nombreux observateurs sont plus confiants.
L'institut Climate analytics a recensé que 34 autres pays s'étaient engagés à le faire d'ici fin 2016 (Brésil, Canada, Indonésie, Japon, Iran, etc.). Au total, les Etats l'ayant ratifié ou sur le point de le faire représentent près de 60% des émissions, selon le think tank.
"Une entrée en vigueur avant la COP22 (7-18 novembre) semble très difficile, mais c'est jouable avant la fin de l'année", affirme Célia Gautier du Réseau action climat (ONG). Les experts du World ressource institute de Washington le pensent aussi: "nous sommes tout à fait dans les temps pour que l'accord entre en vigueur cette année", jugent Andrew Light et David Waskow.
- Rapidité et lenteur -
"Si vous regardez l'ensemble des traités internationaux, une entrée en vigueur l'année suivant l'adoption, c'est extrêmement rapide", souligne même Andrew Light. "Cela a pris quasiment une décennie pour le protocole de Kyoto", rappelle-t-il. Cette rapidité est "le signal que les chefs d'Etat prennent l'accord au sérieux", estime Pascal Canfin, directeur général du WWF France, en insistant toutefois sur "la principale faiblesse de l'accord de Paris: le manque d'action suffisante à court terme". "C'est inédit qu'un accord onusien de cette ampleur entre en vigueur aussi rapidement", renchérit Célia Gautier, mais "la preuve de l'engagement politique ne se résume pas à la ratification, elle passe par l'action, qui reste très insuffisante".
- Qui est à la traîne? -
Parmi les gros émetteurs: l'Union européenne (10% des émissions), l'Inde (7%) et la Russie (5%). "L'Union européenne est divisée", déplore Célia Gautier qui pense que "l'accord entrera en vigueur avant la ratification par l'UE". Le processus implique que chaque Etat européen le fasse, parallèlement à l'Union. Or, seules la France et la Hongrie ont ratifié. Avant d'aller plus loin, certains pays veulent connaître la répartition des efforts pour réduire de 40% d'ici 2030 les émissions de l'UE. Et le Brexit est venu encore compliquer cette équation.
Les experts attendent aussi de voir quelles actions pour le climat les membres du G20, qui représentent 80% des émissions mondiales, prendront lors du sommet de Hangzhou.
- Quels changements réels? -
L'entrée en vigueur est un signal important mais le vrai test de l'accord sera la ré-orientation des investissements dans l'énergie verte et des politiques de transports et agricoles.
Des signaux vont dans le bon sens: baisse de la consommation de charbon en Chine, faillite du géant charbonnier américain Peabody, forte progression des investissements des pays émergents dans les énergies renouvelables, baisse continue du prix de l'énergie solaire, multiplication des appels de gros investisseurs à aller vers des activités bas-carbone, etc. Toutefois, "Il est encore trop tôt pour savoir s'il y a eu un avant et un après Paris", estime Pascal Canfin.
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