Le milliardaire américain a annoncé mardi soir sur Twitter qu'il avait accepté une invitation du chef d'Etat mexicain. Selon un communiqué de la présidence, cette invitation avait été lancée vendredi auprès de Donald Trump, ainsi que de sa rivale démocrate au scrutin de novembre, Hillary Clinton.
La rencontre sera privée, a précisé Mexico.
Ce sera la première réunion du candidat Trump avec un chef d'Etat. Lorsqu'il s'était rendu en Grande-Bretagne en juin dernier, il avait visité ses golfs et propriétés hôtelières.
"Je crois au dialogue pour promouvoir les intérêts du Mexique dans le monde et, principalement, pour protéger les Mexicains, où qu’ils se trouvent", a écrit sur le réseau social Enrique Peña Nieto, dont la cote de popularité est au plus bas mais qui concrétise son engagement au dialogue avec le futur président américain, quel qu'il soit.
Ce voyage est d'autant plus surprenant que le milliardaire a lancé sa candidature, en juin 2015, en accusant le Mexique d'envoyer par-delà la frontière des criminels, des violeurs et des trafiquants de drogue.
Il a bâti sa campagne sur une promesse de fermeté absolue contre l'immigration clandestine, s'engageant à construire immédiatement un mur à la frontière sud et à expulser les 11 millions de sans-papiers, en majorité mexicains, vivant aux Etats-Unis.
Il affirme d'ailleurs que le Mexique paiera la facture du mur -- ce que M. Peña Nieto a catégoriquement rejeté. Le président mexicain avait comparé en mars Donald Trump à Adolf Hitler et Benito Mussolini.
Mais le candidat républicain, à la traîne dans les sondages, a semé le doute en évoquant la semaine dernière un éventuel changement de position à l'égard de cette population, avant de se reprendre.
La journée de mercredi doit être celle de la clarification. Il doit prononcer le soir un discours à Phoenix, dans l'Arizona, par où transitent de nombreux clandestins.
- 11 millions de clandestins -
Au-delà du mur, certaines positions de Donald Trump sur l'immigration semblent immuables.
Il s'en prend ainsi régulièrement aux "villes sanctuaires", où la police ne coopère pas avec les autorités fédérales en matière d'immigration.
Mais le sort des quelque 11 millions de clandestins reste le principal point d'interrogation.
En 2015, Donald Trump avait promis de créer une force de police fédérale dédiée aux expulsions. Il s'engageait à expulser la totalité des sans-papiers, qui pourraient ensuite revenir selon la procédure légale.
Concrètement, cela signifierait que les clandestins ne pourraient pas bénéficier de régularisation s'ils restaient sur le territoire, ce qui prolongerait le statu quo en attendant que les expulsions soient menées à terme, un projet titanesque et susceptible de durer plusieurs années.
Mardi dernier, Donald Trump a évoqué un éventuel "assouplissement", peut-être pour les familles sans problème qui résident ici depuis 15 ou 20 ans. Mais devant le tollé parmi ses partisans, il a ensuite fait machine arrière.
Il a une nouvelle fois accusé mardi les réfugiés et les clandestins de voler les emplois des "travailleurs noirs américains et des citoyens hispaniques", lors d'un meeting à Everett, dans le nord-ouest du pays.
Le milliardaire répète qu'il expulsera en priorité les sans-papiers "criminels". Mais c'est déjà la politique de l'administration de Barack Obama.
Donald Trump Jr., l'un de ses fils, a déclaré sur CNN mardi que son père n'avait "rien assoupli du tout" mais qu'il fallait "commencer par des petits pas", présageant une politique plus réaliste que ne le laisse penser le ton intransigeant du candidat.
L'évolution pourrait en fait être plus sémantique que programmatique. En refusant la moindre régularisation, Donald Trump garderait la confiance de la base conservatrice. Mais en focalisant son discours sur les délinquants, et non les travailleurs clandestins ordinaires, il éviterait de se mettre à dos les électeurs plus modérés.
"In fine, ce qui compte est ce que dira Donald Trump aux électeurs dans l'Arizona, pas au Mexique, et s'il continue à vouloir séparer les familles et expulser des millions de personnes", a réagi Jennifer Palmieri, du camp Clinton.
La démocrate a d'ailleurs vu M. Peña Nieto en 2014 et, selon un proche, elle prévoit de lui reparler "au moment opportun".
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