"Je souhaite entamer une nouvelle étape de mon combat" politique et "construire un projet qui serve uniquement l'intérêt général", a annoncé le ministre démissionnaire de l’Économie, estimant avoir "touché du doigt les limites de notre système politique".
Depuis l'annonce en avril de la création de son mouvement, En Marche!, la position du jeune ministre de 38 ans devenait de plus en plus délicate vis-à-vis du couple exécutif.
Malgré une loi à son nom, ses deux ans à Bercy laisseront surtout le souvenir d'une succession de saillies provoquant l'émoi, surtout à gauche.
Lorsqu'il est propulsé ministre de l’Économie en août 2014, à 36 ans à peine, c'est pour succéder à une autre figure bouillonnante, Arnaud Montebourg, lui aussi auteur de nombreux coups d'éclat.
Dès son arrivée à Bercy, le jeune homme natif d'Amiens, à l'allure de gendre idéal et au parcours sans accroc (Sciences-Po, ENA promotion Léopold-Sédar-Senghor, DEA de philosophie politique consacré à Hegel après un détour par Machiavel) surprend par sa boulimie de travail, son aisance sur les dossiers et un mélange d'assurance et de spontanéité face à ses interlocuteurs, quels qu'ils soient.
Marié à son ancienne professeure de lycée de vingt-quatre ans son aînée, lui qui est passé par l'inspection des Finances, puis la banque Rothschild, avant de devenir secrétaire général adjoint de l’Élysée, n'a qu'un seul credo: faire bouger les lignes dans la société française, pour "déverrouiller" l'économie et le marché du travail.
Il traduit cette ambition dans sa loi "pour l'activité, la croissance et l'égalité des chances économiques", un texte fourre-tout qui va de l'extension du travail du dimanche à la libéralisation du transport en autocars.
Aussitôt adoptée, via un triple recours au 49-3, Macron s'attelle à un nouveau projet de loi, sur les "nouvelles opportunités économiques", finalement refondu dans d'autres textes portés par ses collègues.
Car entretemps, les positions du ministre, qui prône une approche libérale de l'économie, en ont agacé plus d'un, à commencer par le Premier ministre Manuel Valls.
- "Ni gauche, ni droite" -
Tout au long de son passage à Bercy, Macron qui, durant son passage chez Rothschild, a piloté le rachat par Nestlé d'une filiale de l'américain Pfizer, n'hésite pas à heurter la gauche avec des positions provocatrices.
Le ministre, qui n'est pas membre du PS, distille en effet à sa manière sa remise en cause des 35 heures, du statut des fonctionnaires, du principe d'un mandat électif en politique, sans jamais se priver de critiquer, plus ou moins discrètement, certains choix du couple exécutif. Ce qui lui vaut d'être régulièrement rappelé à l'ordre.
Lui qui a été assistant du philosophe Paul Ricoeur au tournant des années 2000 avait dû s'excuser pour avoir déclaré que "beaucoup" d'ouvrières réduites au chômage par la fermeture des abattoirs bretons Gad étaient "illettrées".
"Macron... Comment vous dire ? Ras-le-bol !", a tonné en septembre 2015 Martine Aubry.
Pourtant, malgré les réactions virulentes qu'il suscite, Macron, qui jouit d'une popularité flatteuse, reste au gouvernement. Mais le lancement en avril de son propre mouvement politique, "transpartisan", suscite de nombreuses interrogations sur sa place dans l’équipe gouvernementale.
Petit protégé du secrétaire général de l’Élysée Jean-Pierre Jouyet et proche de François Hollande au début du quinquennat, Emmanuel Macron, qui n'a jamais été élu, cultive l'ambiguïté sur ses ambitions pour la présidentielle de 2017. Ce qui n'est pas du goût de tous.
Fin mai, Mediapart et Le Canard Enchaîné révèlent que le ministre a dû payer l'ISF rétroactivement après une réévaluation de son patrimoine par le fisc. Il y voit aussitôt un mauvais coup "qui arrive à un moment qui n'est pas innocent".
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