Avec l'entrée en vigueur de la réforme du collège et des nouveaux programmes du CP à la 3ème, la ministre de l'Education Najat Vallaud-Belkacem, qui tiendra sa traditionnelle conférence de presse lundi, espère que "s'évanouiront d'eux-mêmes les fantasmes et polémiques stériles", qui ont fait florès depuis leur présentation en 2015.
Il n'empêche: plusieurs syndicats ont d'ores et déjà appelé à la grève le 8 septembre.
"Non, l'arabe ne sera pas obligatoire, le latin n'aura pas disparu et la maîtrise de la langue française sera plus que jamais une exigence fondamentale", assure la ministre dans le dossier de presse d'avant-rentrée.
En réponse à la lassitude de nombre d'enseignants face à la ronde des réformes, elle admet que "les changements ont été nombreux" mais juge qu'ils sont "nécessaires". Car le système scolaire français, "s'il assure la sélection des meilleurs, peine à assurer la promotion de tous".
C'est ce que pointent tous les trois ans les résultats de l'étude PISA, qui compare les systèmes éducatifs des pays de l'OCDE: les élèves français ont des scores honorables, mais le collège notamment accroît les inégalités scolaires et la France ne parvient pas à "rattraper" ses élèves les plus faibles.
"Ne nous aveuglons pas", prévient la ministre. La mise en oeuvre de ces réformes "prendra du temps" et "se construit dans la durée". Le bilan de Najat Vallaud-Belkacem et de ses prédécesseurs depuis 2012 (Vincent Peillon et Benoît Hamon) sera scruté d'autant plus ces prochains mois que l'éducation avait été désignée comme une priorité de François Hollande.
- "Lire, écrire, compter et penser" -
Reste à savoir si la réforme du collège pourra produire les effets attendus sur la durée, puisque plusieurs candidats des primaires de la droite, dont Nicolas Sarkozy, ont promis de l'abroger s'ils remportent la présidentielle en 2017. La position d'Alain Juppé est plus nuancée.
Face aux critiques traditionnelles de la droite mais aussi de syndicats opposés à la réforme du collège, qui prévoient un affaiblissement de l'apprentissage des fondamentaux, Najat Vallaud-Belkacem martèle que la base de l'école reste le "lire, écrire, compter", auxquels elle ajoute "penser".
Dans un contexte de menaces d'attentats, les ministères de l'Education et de l'Intérieur ont présenté la semaine dernière une série de mesures visant à renforcer la sécurité des établissements scolaires, cités parmi les cibles du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Auprès des élèves, le "parcours citoyen", mis en oeuvre il y a un an, vise à "construire un jugement moral et civique" et "acquérir un esprit critique".
Parmi les principales nouveautés de cette rentrée figure la mise en oeuvre simultanée de nouveaux programmes, du CP à la 3ème. Ils remplacent ceux conçus en 2008, critiqués pour leur lourdeur, qui les rendait, selon les enseignants, impraticables.
La réforme du collège, très controversée, introduit l'interdisciplinarité (l'enseignement de plusieurs disciplines au sein d'un même cours, par exemple physique-chimie et biologie autour du thème "Comment survivre sur Mars").
Déjà pratiquée par certains enseignants, elle permet, selon une partie de la communauté éducative, de donner plus de sens aux apprentissages. Ses détracteurs y voient un affaiblissement des disciplines, piliers traditionnels du système scolaire français.
La réforme avance d'un an l'enseignement de la deuxième langue vivante, en 5ème, supprime une partie des classes bilangues (deux langues étrangères dès la 6ème) et les options latin et grec, suivies par moins de 20% des élèves de 5ème à la rentrée 2015.
Cette rentrée, l'initiation aux langues et cultures de l'Antiquité sera suivie par 70% des élèves de 5ème et 20% sont inscrits pour l'enseignement de complément des langues anciennes, selon le ministère.
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