"Brico! Topolino! Chicca!" Au milieu des plants de courgettes et des massifs de fleurs, dans le grand jardin de leur maison d'enfance endommagée par le tremblement de terre, Giancarla et Vittoria Pomponi, deux quadragénaires, appellent sans relâche.
"Les chats, c'est le dernier des problèmes. Nous le savons bien, nous avons perdu des amis et des voisins", explique Giancarla.
"Mais pour des personnes de 80 ans qui ont perdu la maison, si au moins ils pouvaient retrouver leur chat, ça peut sembler un peu stupide, mais ça peut aider", ajoute-t-elle, les larmes aux yeux.
A travers un trou béant dans le mur d'enceinte du jardin, elle montre Morgana et ses cinq chatons. "Ils sont vivants ! Vous ne pouvez pas imaginer la joie de maman, quand nous lui avons annoncé", raconte-t-elle.
Mais les quatre chats de leur voisine ont disparu. Dans l'espoir de les faire revenir, Giancarla et Vittoria déposent un peu de nourriture dans les jardins voisins.
Dans la région touchée par le séisme qui a fait près de 300 morts, les animaux ont payé un lourd tribut. Certains ont été écrasés avec leurs maîtres, d'autres ont été oubliés ou se sont enfuis en pleine nuit dans la panique au moment du séisme.
A Amatrice et dans les alentours, de très nombreux chiens errent, perdus. Deux chevaux effrayés ont aussi été aperçus galopant sur la route goudronnée. Aussi les services vétérinaires sillonnent-ils la zone pour faire un état des lieux et porter assistance aux animaux abandonnés.
- Animaux victimes et héros -
Les médias italiens ont relaté ces derniers jours plusieurs histoires d'animaux tirés des décombres, de retrouvailles émouvantes et de chiens refusant de s'éloigner du cercueil de leur maître.
Et les chiens n'ont pas été que victimes: Leo, le labrador noir d'une brigade cynophile, est devenu une célébrité après avoir indiqué l'endroit où gisait Giorgia, 5 ans, retrouvée vivante 17 heures après le séisme, sous le cadavre de sa soeur de 9 ans.
Dans cette région de basse montagne, l'élevage pourrait d'ailleurs être la première activité à repartir.
A Rochetta, Antonio Di Marco, éleveur d'un troupeau de 40 vaches, a perdu un veau nouveau-né qui a été piétiné. Un moindre mal comparé à un élevage d'Amatrice où l'effondrement d'une étable a tué 30 bovins.
Mais le toit de son étable s'est effondré, et Antonio Di Marco est épuisé après cinq longues journées à tenter de tout déblayer.
"Les animaux ont cherché à s'échapper, certains sont tombés dans la fosse à lizier, ils ont défoncé les barrières, ils se sont mélangés avec les autres bêtes qui étaient dans les champs, un désastre...", raconte-il.
Sans relâche, il s'emploie à remettre en état sa salle de traite, essentielle pour la santé de ses vaches et la poursuite de son activité. Mais il enrage de n'avoir vu que des voisins, agriculteurs comme lui, venir lui prêter main-forte.
"C'est bien normal qu'on sauve d'abord les personnes et qu'on s'occupe ensuite du reste, mais avec les milliers de personnes qui sont mobilisées, militaires et pompiers, mon étable pourrait déjà être reconstruite, et celle de beaucoup d'autres", enrage-t-il.
Pourtant, l'agriculture est désormais essentielle dans la région, où les touristes, les propriétaires de maison de campagne et même nombre d'habitants ne vont pas revenir de sitôt.
"Si je répare mon étable, je produis du lait et je le vends. Mais un bar, un restaurant qu'est ce qu'il fait?", s'interroge l'éleveur. "Si on s'en va nous aussi, qu'est ce qu’il reste? C'est fini!".
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