Après huit mois et deux élections législatives, l'Espagne n'a toujours pas de gouvernement et vit sous la menace d'un troisième scrutin, cette fois le jour de Noël.
Le Parti Populaire de M. Rajoy (137 députés) et le petit parti libéral Ciudadanos (32 députés), dirigé par Albert Rivera, ont signé un accord sur le programme du prochain gouvernement après une semaine de négociations.
En échange de promesses de réformes, Ciudadanos s'engage à voter pour M. Rajoy qui demandera cette semaine la confiance de la chambre pour un gouvernement conservateur minoritaire. Ciudadanos n'entrera pas dans ce cabinet.
Mais cet appui, auquel il faut ajouter celui d'une députée des Canaries, ne suffit pas. Ensemble, ils n'ont que 170 députés sur 350, à six voix de la majorité absolue nécessaire pour passer au premier tour, prévu mercredi 31 août.
Au deuxième tour, qui aura lieu vendredi, il suffit que M. Rajoy recueille plus de "oui" que de "non" mais il faudrait pour ça que l'opposition socialiste s'abstienne. Or le Parti socialiste (PSOE), deuxième force politique en Espagne avec 85 sièges, refuse catégoriquement de laisser le PP gouverner quatre ans de plus.
M. Rajoy a annoncé qu'il recevrait lundi le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, pour tenter de lui faire changer d'avis.
"Si nous continuons à retarder la formation d'un gouvernement, l'économie pourrait en souffrir", a-t-il insisté.
L'économie espagnole a atteint 3,2% de croissance au deuxième trimestre, un des rythmes les plus élevés de l'Union européenne, mais n'a pas encore retrouvé les niveaux d'avant la crise de 2008.
Depuis les élections de décembre, M. Rajoy ne peut qu'expédier les affaires courantes, il ne peut pas présenter un budget et n'a même pas pu remplacer deux ministres démissionnaires.
Ce scrutin a mis fin à l'alternance traditionnelle entre conservateurs et socialistes en envoyant au parlement deux nouvelles forces, Ciudadanos et le parti antiaustérité Podemos, qui menace le PSOE sur sa gauche.
Si dans les deux mois qui suivront le premier vote, soit à la fin octobre, les quatre partis n'ont pas réussi à sortir de l'impasse, les Espagnols devront retourner aux urnes le 25 décembre. M. Rajoy a choisi la date du vote de confiance de façon à ce que les élections tombent le jour de Noël, une façon d'augmenter la pression sur les socialistes.
- les socialistes font barrage -
Mais ceux-ci ne sont pas prêts à céder et préparent une proposition de loi, soutenue par Ciudadanos et Podemos, pour raccourcir la campagne électorale afin que les élections aient lieu le 18 décembre.
Le Parti socialiste n'est pas à ce jour en mesure de former une coalition alternative à celle de M. Rajoy. Mais les sondages montrent que ses militants ne veulent pas d'un second gouvernement Rajoy, dirigeant impopulaire d'un parti secoué par des scandales de corruption et qui a mené depuis 2011 une politique d'austérité draconienne.
Le PSOE perd des voix depuis 2011. Laisser la voie libre aux conservateurs en s'abstenant signifierait pour lui abandonner le leadership de l'opposition à Podemos (71 députés), qui se veut le défenseur des victimes de la crise.
Pour parvenir à cet accord avec les libéraux, le PP a du accepter une réforme de la loi électorale, qui désavantage les petits partis comme Ciudadanos, et une série de mesures contre la corruption politique.
Albert Rivera a également obtenu un complément salarial pour les familles les plus défavorisées et une augmentation des budgets de la santé et de l'éducation, durement touchés par les mesures d'austérité. Au total, l'accord comprend 150 mesures mais il risque de rester lettre morte.
"J'espère qu'un gouvernement sera investi, qu'il y aura une législature, sinon nous ne pourrons pas mettre tout ça en route", a déclaré Albert Rivera à la presse.
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