Si c'est une place assurée sur le podium pour un sportif comme l'ex-Premier ministre (Les Républicains), amateur de course automobile, en politique, elle signifie l'éviction au soir du premier tour. Mais "dans les élections, il y a toujours une surprise", se rassure Patrick Stéfanini, son directeur de campagne.
M. Fillon fera sa rentrée cette année à Sablé-sur-Sarthe, contrairement aux années précédentes où il conviait ses soutiens dans les jardins de l'abbaye de Rouez-en-Champagne (Sarthe également).
A un peu moins de trois mois de la primaire (20 et 27 novembre), le député de Paris, placé derrière Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, parfois Bruno Le Maire, dans les sondages, entend "donner du sens" à sa candidature, selon son entourage.
Il a choisi de lancer sa campagne dans la ville où il a débuté sa carrière politique, en 1981, comme conseiller général, puis comme maire (de 1983 à 2001). C'est une question de "cohérence et de fidélité à ses origines", affirme-t-on.
Environ 1.500 personnes sont attendues: parmi elles, les plus de cent parlementaires qui parrainent sa candidature (bien plus que les vingt nécessaires pour être candidat), dont Gérard Larcher, président du Sénat, et Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR et président du conseil régional des Pays de la Loire.
Seront également présents des militants de Force Républicaine, le micro-parti de M. Fillon, fondé après sa défaite à la présidence de l'UMP fin 2012, et la victoire controversée de son adversaire Jean-François Copé, lors d'un psychodrame qui avait failli faire imploser le parti.
Ces militants sont les "référents" du candidat, chargés de battre la campagne pour lui et de convaincre le plus d'électeurs possible de le rejoindre, suivant "la stratégie des alliés" mise au point par son équipe.
- 'Gaulliste et maoïste' -
Cette stratégie consiste, dans chaque circonscription, à installer "douze comités de soutien, avec douze personnes par comité, chacune se chargeant de convaincre douze autres personnes" d'opter pour leur champion.
"Avec ça, il peut faire 25% des voix au premier tour et être qualifié pour le second", calcule M. Stéfanini. Pour les fillonistes, il s'agit de pallier les défaillances supposées du parti présidé jusqu'à lundi par M. Sarkozy, qui a levé le faux suspense autour de sa candidature à la primaire.
"On n'attend rien du parti, on n'est pas déçu!", s'exclame le directeur de campagne, qui fut également celui de Jacques Chirac en 1995. "On suit le principe gaulliste et maoïste: compter sur ses propres forces", ajoute-t-il d'un ton acide, rendant toutefois hommage au "travail remarquable" du député Thierry Solère, désigné fin 2015 par Sarkozy à la tête du comité d'organisation de la primaire.
Dimanche, la matinée sera consacrée aux questions régaliennes, particulièrement sensibles après les attentats sanglants de 2015 et 2016. Trois ateliers seront organisés: "Vous rendre la liberté", "restaurer l'autorité de l'Etat", "Protéger notre d'identité", thèmes longuement développés par le candidat au cours des derniers mois, dans son programme ou ses meetings.
MM. Retailleau et Larcher interviendront l'après-midi. La journée se terminera par un discours du candidat, où la question de la laïcité devrait tenir une place importante, M. Fillon ayant apporté la semaine dernière son "soutien" aux maires prenant des arrêtés d'interdiction du burkini sur les plages.
La campagne, qui débutera officiellement le 21 septembre, après la publication de la liste des candidats, a été minutieusement planifiée par l'équipe de l'ex-Premier ministre. Sa semaine sera coupée en deux: Paris et sa région du dimanche au mardi, la province du mercredi au samedi, avec trois ou quatre meetings hebdomadaires. Des déplacements sont également prévus à l'étranger (Etats-Unis, Maghreb) et en Outre-mer.
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