Il s'agit du premier incident de ce type depuis l'envoi mercredi des premiers chars turcs sur le sol syrien dans le cadre de l'opération "Bouclier de l'Euphrate", qui marque une nouvelle phase dans ce conflit déjà complexe et ayant fait plus de 290.000 morts depuis son déclenchement en 2011.
Ces nouveaux affrontements interviennent au lendemain de l'annonce par Washington et Moscou, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, de progrès pour parvenir à un cessez-le-feu, tandis que les combats continuent de faire rage dans ce pays, notamment à Alep.
"Les chars turcs ont avancé aujourd'hui jusqu'aux abords de la localité d'al-Amarné dans la province d'Alep, au sud de la frontière, et des combats ont alors éclaté entre eux et des combattants appuyés par les forces kurdes", a dit à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Un responsable de l'administration semi-autonome kurde en Syrie a déclaré à l'AFP que des groupes de combattants locaux étaient "engagés en ce moment dans des combats aux abords d'al-Amarné contre des chars turcs".
Al-Amarné se situe à 8 km au sud de Jarablos, ville reprise cette semaine aux jihadistes par des rebelles soutenus par Ankara, qui s'affairaient samedi à désamorcer les engins explosifs laissés par les combattants de l'EI.
- 'Nouvelle phase' -
Toujours au sud de Jarablos, l'armée turque a détruit samedi un poste de commandement de "groupes terroristes", a signalé l'agence de presse progouvernementale Anadolu.
Cette dernière n'a pas précisé quels groupes étaient visés dans ces frappes, mais des rebelles soutenant les Kurdes en Syrie ont affirmé avoir été pris pour cible par l'aviation turque.
"Des avions turcs ont bombardé nos positions ce matin dans le sud de Jarablos et dans le village de Til-Emarne où vivent des civils", a annoncé dans un communiqué le Conseil militaire de Jarablos, lié au Forces démocratiques syriennes (FDS) pro-Kurdes.
"Avec cette agression, une nouvelle phase du conflit va s'ouvrir dans la région", a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt samedi, l'armée turque avait envoyé six nouveaux blindés en territoire syrien, a constaté un photographe de l'AFP dans le village de Karkamis, à la frontière turque. Après trois jours d'opérations, elle dispose désormais de 50 chars et de 380 soldats en Syrie, selon le quotidien Hürriyet.
Pour la Turquie, en conflit avec les Kurdes sur son propre territoire, cette offensive vise entre autres à empêcher les Kurdes syriens de former une ceinture continue le long de sa frontière, qui menacerait directement sa sécurité.
Elle considère le Parti de l'Union démocratique (PYD), principale milice kurde de Syrie, et son aile militaire, les YPG (Unités de protection du peuple kurde), comme des organisations "terroristes".
Les forces de sécurité turques subissent des attaques quasi-quotidiennes de la part du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), dont la dernière en date a provoqué la mort d'au moins 11 policiers vendredi à Cizre (sud-est), près de la frontière syrienne.
- Daraya évacuée -
Par ailleurs, le régime syrien a repris samedi le contrôle de Daraya, après la sortie de l'ensemble des milliers d'habitants, parmi lesquels des insurgés, de cet ex-fief rebelle situé près de Damas et soumis à quatre ans de siège, a déclaré à l'AFP une source militaire.
"L'armée syrienne contrôle totalement Daraya et est entrée dans toute la ville", a affirmé cette source sous couvert de l'anonymat.
Au même moment, des barils d'explosifs ont de nouveau été largués par le régime syrien sur un quartier d'Alep aux mains des rebelles, faisant au moins 15 morts et plusieurs blessés parmi les civils, selon l'OSDH.
L'agence de presse locale Shahba press, qui a fait état de 23 morts, a publié des photos sur lesquelles l'on voit un corps d'homme couvert de poussière et allongé sur un brancard près d'une ambulance. Sur une autre photo, on peut voir le cadavre démembré et recouvert de sang d'un homme près de ce qui semble être la carcasse d'une moto.
La deuxième ville de Syrie, où 1,5 million de personnes sont prises au piège, est l'un des principaux points de désaccord entre les Etats-Unis et Moscou qui ont fait état vendredi à Genève de progrès pour parvenir à un cessez-le-feu, mais les modalités d'un accord pour tenter de mettre fin au conflit doivent encore être définies.
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