Le service public, qui lance jeudi sa chaîne d'info, donne la priorité à son site rebaptisé franceinfo.
Même objectif pour LCI, qui annonce une politique "mobile first" avec un site qui fusionne avec ceux de MyTF1News et de Metronews.
Quant à BFMTV, qui dès ses débuts a parié sur internet, son site se classe aujourd'hui dans les premiers, tout comme celui de FranceTVInfo jusqu'ici.
Tous profitent de l'apport de leurs images télé, car les internautes sont de plus en plus friands de vidéos d'actualité, regardées par près d'un quart d’entre eux, selon une étude du Reuters Institute.
Les sites issus de la presse écrite ont jusqu'ici bien résisté: ceux du Figaro et du Monde restent les premiers en France pour l'info généraliste, selon le classement de l'ACPM (L'Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias.). Viennent ensuite ceux de BFMTV, de 20 Minutes, du Parisien, de FranceTVInfo, de L'Obs, de L'Express et de Ouest-France.
Mais cette nouvelle concurrence des télés a déjà bousculé le paysage. "Depuis 2013, le site franceTVinfo est devenu un concurrent du Monde et du Figaro. Les journaux ont mis du temps à réaliser que la vraie concurrence des chaînes d'info se passe sur le net", commente la spécialiste des médias Julia Cagé.
"D'autant que les sites des télés - et celui d'Europe 1 - produisent beaucoup d'écrits (...) Et les agrégateurs comme Google News, ou les réseaux sociaux les traitent tous indifféremment. Beaucoup de ces sites se ressemblent", dit-elle à l'AFP.
- pas de leader sans images -
Face à cette concurrence, Le Figaro et le Monde développent leur propre production vidéo, en s'appuyant pour l'actualité sur des partenaires, comme les agences.
"Sur internet, les sites qui privilégient l'écrit sont encore largement leader. L'écrit est un atout formidable pour apparaître dans les moteurs de recherche. Mais sans images nous aurons du mal à rester leader", confie à l'AFP Bertrand Gié, directeur des nouveaux médias du Figaro.
"Nous développons notre propre offre avec par exemple des infographies animées, des décryptage de l'actualité avec nos journalistes, ou des débats", explique le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio.
Le Figaro.fr et Le Monde.fr ont des stratégies vidéos assez similaires: leurs équipes d'une douzaine de journalistes, publient quotidiennement 12/15 vidéos et affichent environ 15 millions de vues par mois pour ces productions. Le Figaro a noué des partenariats avec LCI et BFMTV.
Ils s'appuient aussi sur des vidéos captées par des témoins d’événement, après vérifications. En tout, Le figaro.fr diffuse une centaine de vidéos par jour.
Le Monde va se lancer mi-septembre sur Snapchat Discover, pour diffuser des vidéos sur le réseau social Snapchat, et développer des rendez-vous réguliers. Le Figaro veut travailler avec Facebook Live, l'outil de vidéo en direct de Facebook, et envisage une chaîne en ligne, "un flux continu avec nos vidéos, avec une grille et du direct" pour fin 2016 ou début 2017, a indiqué Bertrand Gié.
Mais au final, les réseaux sociaux feront office d'arbitre: ils représentent déjà 45% des renvois vers les grands médias mondiaux, dont 38% pour Facebook, selon une étude du cabinet Parse.ly, contre environ 34% pour Google.
"Ces moyennes masquent des situations très différentes: Le Figaro ou le Monde luttent pour préserver leur audience directe face aux réseaux, tandis que par exemple L'Express, malgré une équipe bien moins nombreuse, est présent en adaptant ses articles aux critères de Facebook", relève Nicolas Reffait, du cabinet Bearing Point.
"Les marques médias ne suffiront pas à attirer les internautes. Il faudra aller les chercher sur Facebook, dont les critères de recommandation changent sans cesse, et qui les met tous sur le même plan", dit-il.
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