Les drapeaux ont été mis en berne dans tout le pays pour les funérailles des victimes d'Arquata et Pescara del Tronto, une des trois localités des Apennins les plus touchées.
La cérémonie aura lieu en fin de matinée dans un gymnase à Ascoli Piceno, au pied des montagnes meurtries, en présence du président de la République, Sergio Mattarella, et du chef du gouvernement Matteo Renzi.
Vendredi, le gymnase s'est transformé en chapelle ardente, où les proches sont venus se recueillir devant une trentaine de cercueils posés sur des tréteaux. Parmi eux, celui tout blanc de Giulia, 9 ans, dont le corps a protégé celui de sa soeur Giorgia, 5 ans, l'une des dernières personnes sorties vivantes des décombres à Pescara del Tronto.
Une partie des familles ont cependant choisi de ne pas participer aux funérailles solennelles et d'emporter plus tôt les dépouilles de leurs proches.
"Pourquoi attendre ? Pour écouter les politiques ? Ils disent toujours la même chose, qu'ils sont proches de nous et que cela ne doit plus arriver... Toujours la même chose!", s'est emportée une femme inconsolable, citée par l'agence Agi.
Une autre cérémonie, sans les corps, est prévue la semaine prochaine pour les victimes d'Accumoli et surtout d'Amatrice, sur l'autre versant de la montagne.
En attendant, certaines familles ont commencé à enterrer leurs morts. A Pomezia, au sud de Rome, l'évêque du diocèse a célébré vendredi après-midi devant des centaines de personnes les funérailles de six victimes, dont un garçon de 8 ans et deux adolescentes.
Selon un dernier bilan de la protection civile, le nombre de décès constatés s'élève désormais à 281 morts, dont 221 à Amatrice, tandis que 388 blessés ont été hospitalisés. Aucun survivant n'a été retrouvé depuis jeudi.
- "Continuer à fouiller" -
Dans le froid de la nuit, à la lumière des projecteurs ou dans la chaleur étouffante du jour, les efforts se poursuivaient pourtant sans relâche, en particulier à Amatrice, avec un va-et-vient incessant de secouristes et maîtres-chiens dans des volutes de poussière.
"Nous allons continuer à fouiller et à creuser jusqu'à avoir la certitude qu'il ne reste plus personne", a assuré Luigi D'Angelo, responsable local de la protection civile.
Mais les secouristes ont commencé à déblayer les décombres avec des pelleteuses, signe que l'espoir de retrouver des survivants s'amenuise.
Dans le village, une longue file de voitures: les familles des victimes viennent reconnaître les corps, faute de quoi la justice interdit leur évacuation.
Le travail des secouristes était aussi compliqué par les multiples répliques: plus d'un millier enregistrées depuis mercredi, en particulier une secousse d'une magnitude de 4,8 vendredi à l'aube.
A chaque réplique, un nouveau mur s'écroule, un autre se fissure... Ainsi, un pont menant à Amatrice est devenu inutilisable, obligeant les secours à aménager à la hâte une déviation.
"Les secours sont tous à Amatrice, ils oublient les hameaux autour", déplorait Marco Barba, arrivé dans la matinée de Rome pour apporter des vêtements et des provisions à ses proches, tandis qu'un homme chargé de livrer des toilettes chimiques se désespérait de parvenir à destination.
- 2.500 sans-abris -
Des images aériennes de la région montraient des villages et des hameaux aux ruines dégringolant sur les flancs de montagne, avec en contrebas les tentes bleues alignées pour héberger les rescapés.
De nombreux sinistrés étaient de passage, venus en touristes ou passer les vacances chez des grands-parents, et sont rentrés chez eux. Mais la protection civile a recensé près de 2.500 personnes désormais privées de toit, qui ont passé la nuit de vendredi à samedi dans l'un des 42 camps de tentes aménagées.
Jeudi soir, le gouvernement a proclamé l'état d'urgence dans les régions touchées et débloqué une première enveloppe de 50 millions d'euros. Un nouveau plan de prévention antisismique a aussi été annoncé, après les interrogations sur le lourd bilan humain de ce séisme dans une zone clairement identifiée comme à risque.
Depuis le séisme, des initiatives ont éclos aux quatre coins de la Péninsule et sur les réseaux sociaux pour venir en aide aux sinistrés.
Dans les centres de collecte de la Croix-Rouge ou de Caritas, les jouets pour les enfants particulièrement nombreux sur les lieux du séisme affluent. Et les centres de don du sang ne désemplissent pas.
En forme d'hommage, quelque 700 restaurateurs, dans toute l'Italie et même à l'étranger, ont d'ores et déjà ajouté à leur menu les spaghetti "all'amatriciana", une spécialité née à Amatrice, la commune la plus touchée par le séisme et qui devait accueillir ce week-end le 50e festival de ce plat typique.
En 2009, un autre séisme avait fait plus de 300 morts à L'Aquila, à une cinquantaine de kilomètres. Mais il s'agissait alors d'une ville de plusieurs dizaines de milliers d'habitants.
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