"C'est un moment très difficile. Jeunes ou vieux, chacun pleure", a témoigné un rebelle.
Des femmes, des personnes âgées et des enfants sont montés dans le premier car qui a quitté dans l'après-midi la ville située au sud-ouest de la capitale syrienne, a constaté une journaliste de l'AFP. Puis quatre autres véhicules ont suivi avec à bord des hommes portant leurs armes individuelles et leurs familles.
A leur passage, les soldats ont brandi leurs kalachnikovs et scandé des slogans de soutien au président Bachar al-Assad, bête noire des rebelles.
Le convoi a quitté la rue principale, au milieu des immeubles en ruine, calcinés et déserts, et franchi une fortification de terre derrière laquelle se protégeaient les rebelles durant les combats.
Une source militaire a affirmé à l'AFP que 300 insurgés avec leurs familles devaient quitter vendredi Daraya dans le cadre de l'accord annoncé la veille.
Au total, selon l'agence officielle Sana, 4.000 civils vont être dirigés vers des centres d'hébergement. Escortés par le Croissant rouge, au moins 700 rebelles doivent se rendre à Idleb (nord-ouest), une ville contrôlée par l'Armée de la conquête, une alliance de rebelles, et le Front Fateh al-Cham (ex-Front al-Nosra qui a renoncé à son rattachement à Al-Qaïda).
L'évacuation totale pourrait prendre quatre jours puis selon une source militaire, l'armée pénétrera dans la ville.
Le conseil local de Daraya a indiqué que les civils seront transférés à Hrajela, une localité tenue par le régime à une vingtaine de km au sud-est de Daraya. "De là, ils pourront se rendre dans les régions de leur choix".
- Les larmes des adieux -
Le départ a donné lieu à des scènes déchirantes. "Les gens se saluaient mutuellement et des enfants disaient adieu à leurs écoles tandis que les mères saluaient sur les tombes la mémoire de leurs martyrs", a rapporté un insurgé. "Ceux qui partaient rassemblaient leurs souvenirs et quelques objets pour garder vivante la mémoire de quatre ans de siège, de faim et de bombardements".
Le rebelle a expliqué que la douloureuse décision d'évacuer Daraya avait été prise en raison de la détérioration des conditions humanitaires. "La ville était devenue inhabitable. Elle a été complètement détruite", selon lui.
Réputé pour la saveur de son raisin, Daraya était symbolique à plus d'un titre: elle a été l'une des premières villes à se soulever contre le régime et lors des manifestations pacifiques de mars 2011, ses habitants avaient offert des roses aux soldats chargés de les réprimer.
En août 2012, à l'issue d'un assaut de six jours de l'armée sur la ville, les rebelles avaient accusé le régime d'y avoir tué 500 personnes.
Les insurgés qui contrôlaient la ville appartenaient à deux groupes islamistes locaux: Ajnad Al-Sham et les Martyrs de l'Islam.
L'évacuation de la ville a provoqué colère et amertume parmi les partisans de l'opposition.
En revanche, le régime se retire une épine dans son flanc, car Daraya est très proche de la base aérienne de Mazzé, siège des services de renseignements de l'armée de l'air et de leur prison.
"L'étape suivante sera l'entrée de l'armée dans la localité", a indiqué à l'AFP une source militaire.
L'ONU a indiqué ne pas avoir été impliqué dans les négociations de l'accord et le Comité International de la Croix Rouge (CICR) a précisé qu'il n'avait pas pris part aux opérations de transfert.
"C'est tragique que les appels répétés à lever le siège de Daraya, en place depuis novembre 2012, et à l’arrêt des combats n'aient jamais été entendus", a regretté à Genève l'émissaire de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
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