Et pour cause, l'ex-patron du football mondial est resté près de 14 heures devant le TAS, de 8h30 (06h30 GMT) à 22h30 (20h30 GMT) ont constaté des journalistes de l'AFP.
"Il faut être optimiste mais il faut aussi dire une chose: nous sommes dans le football et, dans le football, il y a un arbitre", avait déclaré le Suisse de 80 ans aux journalistes, le matin, à son arrivée dans une Mercedes noire, accompagné de son avocat Lorenz Erni.
"J'accepterai le verdict puisque dans le football on apprend à gagner mais aussi à perdre", avait-il aussi assuré.
"Je ne sais même pas s'il n'a pas déjà pris la décision avant, l'arbitre", a répondu, en écho, Michel Platini à son arrivée en fin de matinée pour témoigner.
A sa sortie vers 16h30 (14h30), le Français a décoché un petit coup de griffe à son ancien mentor, avec qui ses relations se sont depuis tendues: "M. Blatter est un peu fatigué, il a la barbe, donc je vais lui envoyer un rasoir", a-t-il glissé en référence à la barbe de trois jours qu'arbore l'octogénaire.
Ancien président de l'Union européenne de football (UEFA), Platini témoigne dans ce dossier car les cas des deux hommes sont liés. Tous deux ont été suspendus pour un paiement controversé de 1,8 million d'euros de Blatter à Platini en 2011.
- Baroud d'honneur -
En première instance, les deux hommes ont écopé d'une suspension de 8 ans par la justice interne de la Fifa, instance secouée depuis mai 2015 par un vaste scandale de corruption. Ils ont été jugés coupables d'"abus de position", "conflit d'intérêts" et "gestion déloyale".
Dans un deuxième temps, leur sanction a été réduite à six ans en appel par la Commission des recours de la Fifa.
Platini a ensuite fait appel devant le TAS, qui a ramené en mai la durée de sa sanction à 4 ans. C'est à cette procédure que se plie lui aussi Blatter jeudi. Il avait lui-même témoigné lors de l'audience consacrée à Platini le 29 avril.
Le panel du TAS est composé de trois arbitres. Chaque partie en propose un et le troisième doit être choisi par consensus par les deux parties.
En faisant appel devant le TAS au printemps, Platini espérait pouvoir retrouver son fauteuil avant le coup d'envoi de l'Euro-2016 en France (10 juin - 10 juillet). Peine perdue: l'UEFA élira son successeur le 14 septembre à Athènes.
Blatter, lui, n'a plus aucun fauteuil à retrouver. Cet ultime appel ressemble donc à un baroud d'honneur pour celui qui vient de perdre son père spirituel et prédécesseur à la tête de la Fifa, le Brésilien Joao Havelange, mort le 16 août à l'âge de 100 ans.
- Contrat oral -
Blatter, jusque-là personnage omnipotent de la planète football, avait dû renoncer à son mandat de président de la Fifa le 2 juin 2015, juste après sa réélection, à cause du scandale de corruption qui venait d'éclater au sein de l'instance. Son successeur, l'Italo-Suisse Gianni Infantino, a été élu le 26 février.
La décision du TAS de réduire de deux ans la suspension de Platini préjuge-t-elle de ce qui attend Blatter?
En mai, le Tribunal arbitral avait "constaté l'existence d'un contrat valable" liant Platini et la Fifa (donc Blatter). Mais n'avait pas pour autant été "convaincu de la légitimité de ce versement".
Les deux hommes plaident la thèse d'un arriéré de salaire versé sur la base d'un contrat oral (forme reconnue par le droit suisse).
Blatter est également visé par la justice suisse dans cette affaire, ainsi que pour un contrat de droits TV présumé très en-dessous des prix du marché au détriment de la Fifa.
Dans un dernier dossier, la Fifa a dénoncé début juin l'existence d'un système "d'enrichissement personnel" qui a selon elle permis à son ancien patron de se partager avec deux ex-bras droits 80 millions de dollars, à travers primes et bonus. Blatter a vigoureusement démenti tout enrichissement personnel.
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