L'escalade verbale entre la démocrate et le républicain a atteint un nouveau sommet par meetings interposés, alors que le milliardaire populiste tente de relancer sa campagne chancelante.
"Hillary Clinton va essayer de m'accuser, ainsi que les millions d'Américains qui me soutiennent, d'être racistes", a déclaré Donald Trump à Manchester, dans le New Hampshire.
"Toutes les politiques soutenues par Hillary Clinton ont déçu et trahi les communautés de couleur de ce pays", a-t-il expliqué. Selon lui, la démocrate veut ouvrir les frontières, ce qui "viole les droits civiques des Noirs américains en donnant leurs emplois à des clandestins".
"Si vous voulez des frontières renforcées pour que les gens puissent venir dans notre pays seulement de façon légale, cela ne fait pas de vous un raciste", a poursuivi le milliardaire new-yorkais de 70 ans.
Le "nouveau" Trump, lancé la semaine dernière, envoie des messages contradictoires.
D'une part, il a remanié son équipe et choisi comme directeur général le patron du virulent site conservateur Breitbart, présageant un brutal virage à droite.
Mais d'autre part, cédant aux pressions de son parti, le candidat utilise désormais un prompteur. Plus discipliné, il concentre ses prises de parole sur Hillary Clinton et des accusations de corruption via la Fondation Clinton. Il tente aussi d'élargir sa base électorale vers la communauté noire.
Mais il souffle le chaud et le froid sur l'immigration, son fonds de commerce depuis 2015.
Il a répété jeudi sa promesse "à 100%" de construire le mur à la frontière sud des Etats-Unis, et répété que le Mexique paierait la facture. Mais il n'a pas clarifié sa position exacte sur le sort des plus de 11 millions de clandestins présents dans le pays.
Mardi et mercredi, il avait laissé entendre qu'il n'était plus favorable à leur expulsion manu militari et évoqué un éventuel "assouplissement", semblant rompre avec une promesse emblématique de sa campagne.
- 'Théories du complot' -
Plutôt que de répondre directement aux accusations de racisme, Hillary Clinton s'est évertuée à prouver aux Américains que Donald Trump n'avait pas changé, résumant sa candidature en deux mots: "préjugés et paranoïa".
Dans un discours à Reno, dans le Nevada, elle a accusé le républicain de s'associer à la "droite alternative" ("alt-right", en anglais), une mouvance d'extrême droite nationaliste et raciste qui répand sur internet de multiples théories du complot.
Elle en a vu pour preuve supplémentaire la présence de l'ex-dirigeant du parti britannique europhobe Nigel Farage la veille à un meeting du républicain dans le Mississippi.
"Un homme avec une longue histoire de discrimination raciale, amateur de sombres théories du complot tirées des pages de tabloïdes de supermarché et des confins de l'internet, ne devrait jamais pouvoir diriger notre gouvernement ou commander nos armées", a-t-elle dit, déterrant des affaires de discrimination raciale lorsque le jeune Trump louait des appartements à New York, ou lorsque ses casinos étaient accusés de refuser des croupiers noirs.
"Il a promu le mensonge raciste selon lequel le président Obama ne serait pas vraiment un citoyen américain", a-t-elle rappelé. Puis elle a énuméré les controverses, citant le retweet par Donald Trump d'un compte prônant la suprématie des Blancs, ou son refus de désavouer le soutien d'un ancien chef de l'organisation raciste Ku Klux Klan. Et dénoncé son approbation de diverses théories du complot, notamment sur sa santé à elle, qui va bientôt avoir 69 ans.
"Tout ce que je peux répondre, Donald, c'est que tu peux rêver", a-t-elle ironisé.
"La dernière chose dont nous ayons besoin dans le centre de gestion des crises de la Maison Blanche est un danger public qui n'arrive pas faire la différence entre les faits et la fiction, et qui épouse si facilement les rumeurs teintées de racisme", a-t-elle martelé.
"Et au fait, le Mexique ne paiera pas son mur", a-t-elle ajouté.
A onze semaines du scrutin, la candidate démocrate maintient une avance confortable dans les sondages. Une nouveau étude Quinnipiac la créditait jeudi de 51% des intentions de vote, contre 41% pour Donald Trump.
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