Le missile a été lancé depuis un sous-marin croisant dans la mer du Japon tôt mercredi, a indiqué dans un communiqué l'état-major sud-coréen interarmées, précisant que l'engin avait volé sur une distance d'environ 500 km, soit bien plus que lors de précédents essais.
Et, ce qui n'était jamais arrivé pour un projectile de cette nature, le missile est "entré dans la zone d'identification de défense aérienne" du Japon, a déclaré le Premier ministre japonais Shinzo Abe, cité par la chaîne publique nippone NHK.
M. Abe a également dénoncé "une sérieuse menace pour la sécurité du Japon, un acte irresponsable qui ne peut être toléré", selon des propos rapportés par l'agence de presse Jiji.
L'engin, probablement de type KN-11, a survolé la mer du Japon dans laquelle il s'est abîmé à un peu moins de 500 kilomètres des côtes nord-coréennes, a précisé l'armée américaine, qui a dénoncé une "provocation".
Le tir nord-coréen intervient dans un contexte de fortes tensions, encore exacerbées par le début lundi de manoeuvres annuelles impliquant 50.000 militaires sud-coréens et 25.000 de leurs homologues américains. L'exercice, baptisé "Ulchi Freedom", simule sur ordinateur une attaque nord-coréenne.
Dans son communiqué, l'armée sud-coréenne estime que le nouveau tir de missile de Pyongyang vise à jeter de l'huile sur le feu, représente un "sérieux défi" à la sécurité de la péninsule coréenne et viole des résolutions des Nations unies.
"Nous réagirons avec fermeté et sévérité à toute provocation", ajoute l'armée sud-coréenne dans son communiqué.
Séoul et son allié américain assurent que le caractère de leurs manoeuvres est purement défensif, mais Pyongyang y voit une provocation, son ministère des Affaires étrangères allant jusqu'à les qualifier d'"acte criminel impardonnable", qui pourrait précipiter la péninsule "au bord de la guerre".
- 'Prêts à nous défendre' -
L'Armée populaire coréenne (KPA) s'est dite "complètement prête à lancer des frappes préventives de représailles contre toutes les forces offensives ennemies impliquées".
Après plusieurs mois de tirs nord-coréens de missiles, consécutifs au quatrième essai nucléaire de Pyongyang en janvier, certains experts considèrent que les relations intercoréennes n'ont plus été aussi tendues depuis les années 1970.
Si Pyongyang est coutumier des menaces, le risque d'une bavure ou d'un incident involontaire -qui pourrait avoir des conséquences militaires dramatiques- est plus élevé du fait de la fermeture ces derniers mois de tous les canaux de communication intercoréenne, selon les experts.
"Nous restons prêts à nous défendre, nous et nos alliés, contre toute attaque ou provocation", a assuré Gary Ross, porte-parole du centre de commandement stratégique américain, ajoutant: "Nous avons l'intention de faire part de nos inquiétudes à l'ONU pour que la Corée du Nord soit tenue responsable de ses actes".
Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, en visite au Japon où il participe à des discussions trilatérales avec la Chine et la Corée du Sud, a également fait part de son inquiétude. "Nous espérons que les tensions ne vont pas s'intensifier et compliquer davantage (la situation)", a-t-il réagi.
Le chef de la diplomatie japonaise Fumio Kishida doit tenir mercredi des discussions avec Wang Yi et son homologue sud-coréen Yun Byung-Se. Le Japon et la Corée du Sud condamnent régulièrement le programme nucléaire de Pyongyang, et jugent que la Chine ne fait pas assez d'efforts pour ramener son allié dans le droit chemin.
La Corée du Nord a effectué plusieurs tirs de missiles depuis des sous-marins, dernièrement en avril et en juillet, qui n'avaient pas dépassé 30 km.
Le ministre sud-coréen de la Défense estime que la Corée du Nord pourrait se doter d'ici trois ou quatre ans d'un missile balistique lancé par sous-marin (SLBM) opérationnel, ce qui permettrait à Pyongyang de se projeter au-delà de la péninsule coréenne et de répliquer en cas d'attaque nucléaire.
Alors que les résolutions de l'ONU lui interdisent tout programme nucléaire ou balistique, la Corée du Nord a revendiqué ces derniers mois une série d'avancées dans ces programmes.
De nombreux experts s'accordent à dire que Pyongyang a progressé dans ses efforts pour mettre au point un missile intercontinental (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain.
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