Le projet porté par la maire socialiste et voté en Conseil de Paris en décembre 2015 consiste à rendre aux piétons les voies sur berges rive droite, sur 3,3 km, au cœur de la capitale, pour "faire de Paris une ville durable et respirable". Il devrait entrer en vigueur fin août après l'édition Paris Plages.
Mais dans son avis consultatif, dévoilé lundi, la commission d'enquête publique critique le projet. Elle juge notamment que l'étude d'impact réalisée "ne permet pas d'établir la réalité de la réduction de la pollution automobile" induite par la fermeture de la voie sur berge.
Elle déplore également un périmètre d'enquête insuffisant, affirmant que "les reports de circulation entraînés par la fermeture de la voie sur berge affecteront de manière significative un secteur plus large que les 1er, 4e, 7e et 12e arrondissements", et que notamment les "5e, 6e et 8e arrondissements subiront un report de près de trois quarts des véhicules qui ne pourront plus emprunter" la voie sur berge.
Anne Hidalgo a aussitôt répliqué, dénonçant dans cet avis "un déni complet de l'urgence climatique", qui ne tient pas compte "des motifs environnementaux, sanitaires, urbains et culturels à l'origine de ce projet de piétonisation".
Soulignant que "plus de 60%" des Parisiens sont favorables à ce projet, selon un sondage Ifop, elle a décidé "de ne pas suivre" l'avis de la commission et a promis de présenter "au prochain Conseil de Paris la délibération visant à valider définitivement cette étape décisive dans la lutte contre la pollution".
- Reports de circulation-
Ses opposants, et en premier lieu le groupe Les Républicains au Conseil de Paris et leur chef de file Nathalie Kosciuscko-Morizet, ont de nouveau réclamé que soit étudié le projet alternatif qu'ils proposent, qui "favorise une fermeture progressive" des voies sur berge et "une meilleure utilisation des lieux", a dit NKM sur RTL, regrettant la fermeture de 800 m de tunnel "au niveau des Tuileries. On pourra faire du patin à roulette et promener les poussettes, vous en aviez rêvé, la mairie de Paris l'a fait. C'est absurde".
Surtout, affirme-t-elle, "les inconvénients sont certains, on va avoir des encombrements, des reports de circulation".
Un argument également défendu par la région Ile-de-France, présidée par Valérie Pécresse (LR), qui dans un communiqué, demande mardi que la mairie de Paris "sursoie à sa décision". Elle juge que la voie sur berges est "une infrastructure d'intérêt régional, avec une circulation comparable à celle d'une route nationale", et que les effets du report de circulation risquent d'être "très pénalisants en matière de pollution et d'embouteillage".
Faux, rétorque la mairie de Paris, qui met en avant "les études objectives et extrêmement précises" qui "prévoient un impact très faible en dehors du centre de Paris et un report de circulation tout à fait absorbable pour les quais hauts et le boulevard Saint Germain".
"On n'est pas hostile au projet, limiter la place de la voiture ça va dans le bon sens", précise le sénateur-maire de Meudon (Hauts-de-Seine), Hervé Marseille (UDI) à l'AFP, mais "Paris prend des décisions unilatérales et ça a des conséquences sur nous", dit-il, réclamant une "meilleure concertation" entre la capitale et sa banlieue, pour "discuter des plans de circulation et de solutions alternatives comme le bateau".
Jacques J.P. Martin, maire LR de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne) réclame également dans un communiqué que soient étudiées "des solutions alternatives (transports en commun, modes doux en matière de déplacements…)" et que "soit créé immédiatement un Comité de Pilotage mixte, Paris-Banlieue".
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