Des dizaines de milliers d'hommes et de femmes ont été contraints de se marier, souvent lors de cérémonies collectives, dans le cadre d'un plan des Khmers rouges visant à stimuler la natalité.
Une Cambodgienne a ouvert mardi le cycle des témoignages sur le sujet en racontant son mariage forcé début 1978 avec un milicien khmer rouge de 20 ans son aîné.
"Ils nous ont forcés à nous marier" lors d'une cérémonie collective sinistre avec douze autres couples, a déclaré cette femme dont le nom n'a pas été révélé.
Devant le tribunal spécialement créé à Phnom Penh, avec l'ONU, elle a expliqué avoir cédé, car ceux qui refusaient de se marier disparaissaient, comme sa cousine.
Dès le mariage acté, mon nouveau mari "a voulu me violer, mais je lui ai résisté. Alors, il s'est plaint auprès de son chef, Phann, lequel m'a convoquée", a-t-elle raconté.
"Sous la menace d'un pistolet", celui-ci l'a alors violée et renvoyée à son mari. Fin 1978, elle accouchait d'une petite fille.
"Je n'ai jamais raconté cette histoire à personne, mais le moment est venu de parler", a conclu celle qui, après la chute du régime et sous la pression sociale, a continué à vivre avec le mari qui lui avait été imposé.
Après elle, Sou Sotheavy, un transsexuel de 75 ans, a raconté avoir été forcé à épouser une camarade de camp de travail.
"Vers six-sept heures du soir, ils nous ont demandé de nous mettre en rang.... Ils nous ont annoncé que la population du Cambodge n'allait pas bien et que nous devions nous marier pour repeupler le pays", a-t-il ajouté.
"Nous avons dû copuler pour survivre", a expliqué Sotheavy, racontant que des gardes surveillaient les nouveaux mariés dans les camps pour s'assurer que le mariage était "consommé".
Pour Youk Chhang, du centre de documentation du Cambodge (DC-Cam, qui travaille sur les archives de l'époque), ces mariages forcés font partie intégrante de la volonté des Khmers rouges de "déshumanisation" de la société.
"Les mariages forcés s'accompagnaient de viols", mais la question reste taboue, ajoute-t-il.
Les octogénaires Nuon Chea et Khieu Samphan, seuls hauts dirigeants du régime de Pol Pot encore en vie, comparaissent pour leurs responsabilités dans les atrocités commises entre 1975 et 1979 au nom d'une utopie marxiste qui prétendait défaire la société de la contrainte de l'argent et bannir la religion.
Deux millions de Cambodgiens, soit un quart de la population, sont morts d'épuisement, de famine, ou à la suite de tortures et d'exécutions.
Nuon Chea et Khieu Samphan ont déjà été condamnés à la prison à vie lors d'un premier procès. Ce deuxième procès, débuté en 2014, doit s'achever en 2016. Le verdict est attendu fin 2017.
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