Il était issu d'une grande famille protestante du pays de Gex (aujourd'hui, partie de l'Ain) qui comprenait le prix Nobel Jacques Monod, le spécialiste des déserts Théodore Monod, le cinéaste Jean-Luc Godard ou encore nombre de banquiers suisses.
De petite taille, la bouche mince, des éclairs dans les yeux, il avait la réputation d'être batailleur, autoritaire et orgueilleux. Il avait un humour ravageur.
Au début des années 2000, quand il conseillait Jacques Chirac, la presse le qualifiait de "Cardinal armé" (Le Figaro), de "L'ombre du président" (Le Parisien), de "L'homme des castings chiraquiens" (Libération), de "L'homme le plus puissant de France" (France-Soir) ou de "L'indispensable Monsieur Monod" (Le Monde).
Jérôme Monod, né le 7 septembre 1930 à Paris, s'assoit dès son plus jeune âge sur les bancs des écoles les plus prestigieuses avant de suivre la filière classique des hauts fonctionnaires, Sciences-Po et l'ENA. Son père est chirurgien, sa mère fille de pasteur.
Jeune auditeur à la cour des Comptes, il entre dans les cabinets ministériels du Premier ministre Michel Debré (qu'il admire) et du ministre Maurice Schumann, avant de devenir, de 1967 à 1975, délégué à l'aménagement du territoire et à l'action régionale (DATAR)
En arpentant la campagne pendant cette décennie, il rencontre tous les dignitaires politiques que compte le pays. Parmi eux, un chargé de mission au cabinet de Georges Pompidou : Jacques Chirac. Cette rencontre se transforme en amitié indéfectible.
En 1975, Monod devient le directeur de cabinet du Premier ministre Chirac. "Il dirigeait l'équipe d'une main de fer, en trois minutes tout devait être dit, sinon il nous fusillait de son regard bleu acier", se souvient un ancien du cabinet. En 1976, avec Chirac, il crée le RPR, le parti gaulliste chargé de remporter les législatives de 1978.
Il dit alors ne pas aimer la politique mais agir juste par amitié pour un homme. Sa seule expérience directe des urnes est l'élection municipale de 2001 à Lourmarin, où il a été battu.
- retour près de Chirac en 2000 -
Mais, une fois la partie gagnée, il quitte le monde politique pour le privé où, dit-il, "on peut faire bouger une entreprise". En 1979, il rejoint la Lyonnaise des Eaux pour en devenir le patron un an plus tard.
Il devient le VRP numéro un du groupe. Botté et casqué, il part à la conquête du monde, de l'Amérique du Sud au Japon, en passant par le Moyen-Orient ou la Chine. Sans états d'âme. A ceux qui lui reprochent d'ignorer la répression sanglante de Tienanmen, il rétorque "travailler pour le bien-être des masses".
Il se lance aussi dans la construction d'un pôle communication autour de la télévision et du câble. En 1997, la fusion avec Suez marque l'apogée de deux décennies consacrées à la promotion de son groupe, notamment face au rival de toujours la Générale des Eaux, devenu Vivendi.
Mis en cause dans les "affaires", liées au financement des partis politiques dès la fin des années 80, Jérôme Monod a été l'un des premiers grand patrons français à mettre en place une charte éthique dans le groupe.
En 1999, il signe avec un psychiatre, Ali Magoudi, un livre inattendu plaidant en faveur de la souveraineté politique de l'Europe face aux Etats-Unis et intitulé: "Manifeste pour une Europe souveraine". Sur le modèle de la Ve République, il propose un président de la République européenne élu au suffrage universel.
A l'âge de 70 ans, il redevient en 2000 un des proches conseillers de Jacques Chirac qui le charge de préparer l'élection présidentielle de 2002 et la création de l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP).
Proche d'Alain Juppé, il s'impose vite comme l'éminence grise du cabinet du président, quand celui-ci est réélu en 2002. C'est lui qui distribue les investitures, exerçant en outre une grande influence dans la sphère économique. Même dans son propre camp, il n'a pas que des amis. Ses relations avec Nicolas Sarkozy sont notoirement mauvaises mais, en 2007, il appelle à le soutenir à la présidentielle.
Père de trois enfants, marié à une avocate d'affaires, Françoise Gallot (petite-fille d'Henri Queuille, élu radical de Corrèze et président du Conseil sous la IVe République), Jérôme Monod était président d'honneur de la Fondation pour l'innovation politique.
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