Cinq hommes - trois Marocains et deux Siscais - seront jugés le 15 septembre à Bastia pour leur implication présumée dans ces violences.
Le maire Ange-Pierre Vivoni tempère: "On dit que les Corses sont racistes, mais il faut comprendre que le slogan +On est chez nous+ (entendu dans une manifestation à Bastia au lendemain de la bagarre) a une signification différente pour les Corses". "On n'est que 300.000 sur l'île (...) ce slogan est une défense de l'île et les immigrés aussi sont là pour la défendre ! ", dit-il à l'AFP.
Sur 1.200 Siscais, il dit compter une quarantaine de Maghrébins ou de Corses d'origine maghrébine. Abdel Forrouhou, 34 ans, en fait partie. Né en Corse de parents marocains, il a passé toute sa vie à Sisco, où il travaille à la pizzeria.
"La réaction des habitants a été logique", commente Abdel. Selon le parquet, trois frères marocains et leur famille ont voulu se réserver la crique, intimidant ceux qui s'approchaient, jusqu'à une altercation avec un jeune Siscais, bientôt rejoint par d'autres.
"Si j'avais été là, j'aurais été le premier à leur rentrer dedans, poursuit Abdel. Ce n'est pas une question de religion, mais de respect. S'ils s'étaient baignés tranquillement, même si la femme était en djellaba, il n'y aurait eu aucun problème, mais ils ont privatisé la plage et caillassé des touristes".
A l'audience, le 18 août, avant le renvoi du procès, le procureur de Bastia, Nicolas Bessone, a précisé que la rixe n'avait pas été déclenchée par un touriste prenant en photo une musulmane en train de se baigner.
Le maire de Sisco a pourtant pris le 16 août un arrêté interdisant l'accès aux plages "à toute personne n'ayant pas une tenue correcte, respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité". "L'arrêté n'est pas contre la religion musulmane, (...) il ne porte pas sur le burkini, il porte sur la laïcité, je l'ai pris pour calmer ma population. Dans le contexte actuel, cette mode est ressentie par d'autres comme une agression!", se défend M. Vivoni.
Abdel Forrouhou approuve le texte, mais regrette que ceux qui risquent "de se faire emmerder maintenant" soient "les petites familles maghrébines qui ne côtoient pas trop les Corses mais qui font leur vie tranquillement, car des cons, en Corse, il y en a aussi !"
- "c'était pas la fête des voisins !" -
Croisé à Lupino, quartier métissé de Bastia, un fonctionnaire corse d'origine maghrébine de 38 ans, partage les craintes d'Abdel. Il parle sous couvert d'anonymat "car tout le monde se connaît, ici".
Le lendemain de la bagarre, des centaines de personnes ont déferlé devant son immeuble à la recherche des familles maghrébines impliquées dans la bagarre de Sisco.
"Ils sont venus nous dire qu'on n'était pas chez nous. Ils nous ont dit de descendre, ils sont montés dans les étages au nez et à la barbe des gendarmes, alors qu'on déjeunait en famille. Ils criaient +Arabi fora+ (Arabes dehors), et +Descendez, on va vous tuer+, c'était pas la fête des voisins ! On a barricadé les portes", raconte-t-il.
"On craint les représailles. Je suis né dans le quartier, je suis allé à la fac de Corte, je suis corse et on est venu me dire que je ne l'étais pas. Je ne songe pas à plier bagage, mais j'ai douté de mon appartenance à cette terre".
"Je désapprouve totalement ce qu'ils ont fait", dit-il à propos des trois Marocains impliqués, qu'il précise n'avoir jamais croisés. "Le contexte international met tout le monde à cran", commente-t-il.
Plus loin, Antoine Andreani, 57 ans, écrase sa cigarette: "Si le jugement est lourd pour les Siscais (le 15 septembre), ça va être le feu!"
A Sisco, les vacanciers sont revenus sur les plages et le boulanger Lucien Straboni, l'un des cinq prévenus, "est à son four", souffle sa femme, les yeux gonflés.
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