En un peu plus de 24 heures, l'incendie de Blue Cut a semé à une vitesse fulgurante la désolation dans cette région montagneuse surplombant le désert californien, forçant plus de 82.500 personnes à fuir.
Extrêmement dangereux, il est propulsé à travers la forêt de Los Angeles par les redoutés vents de Santa Ana, typiques en cette saison dans le sud de la Californie.
Paso Lane, en hauteur de la petite ville de Phelan, est entouré de collines en feu, d'où s'élèvent d'épaisses colonnes de fumée sombre qui donnent au ciel une couleur apocalyptique.
"L'incendie grossit encore, les vents accélèrent encore. Ils soufflent à environ 55 km/h", estime Chon Bribiescas, porte-parole du service américain des forêts.
A cela s'ajoute une végétation desséchée par cinq année de sécheresse record. "Même les arbustes qui ont l'air vert sont tout secs", remarque M. Bribiescas.
En plein mois d'août, les températures dépassent fréquemment les 35 degrés, flirtant avec les quarante par endroits.
Un cocktail détonnant, au sens propre: "la végétation explose" souligne Chon Bribiescas, et l'incendie a déferlé par endroits en boules de feu, décimant déjà 12.000 hectares.
"Au lieu de dévorer 40 hectares par heure, il les avale en quelques minutes", ajoute le porte-parole de l'US Forest Services.
- 'Montée d'adrénaline' -
Il "fonce tout droit le long de l'autoroute 138" renchérit Mike Anderson, un pompier venu en renfort depuis Redding, dans le nord.
"On évacue toute la communauté" de Paso Lane, explique Mike Anderson, qui en bloque l'accès avec son camion.
Ils sont déjà plus de 1.300 à combattre le brasier. Ceux qui attendent des ordres affichent des visages fatigués et noircis de suie. Beaucoup sont au front depuis plus de 24 heures.
Les autorités déplorent pourtant que beaucoup de résidents aient refusé de quitter leur domicile. En Californie, même lors d'ordres d'évacuation obligatoire, les autorités ne peuvent forcer les habitants à quitter leur domicile. Des pompiers doivent donc être envoyés plusieurs fois pour tenter de les convaincre de partir.
"C'est autant de personnels qui ne sont pas en mesure de combattre les flammes. Je veux dire aux gens qu'il n'y a rien dans la maison qui vaille autant que leur vie", insiste M. Bribiescas.
En pleine saison des feux aux Etats-Unis, la Californie affronte actuellement six brasiers massifs d'après le site d'informations Inciweb.
A part deux pompiers légèrement blessés mardi, aucune victime de Blue Cut n'a encore été signalée.
Des équipes tentent aussi d'évaluer les dégâts matériels et le nombre de bâtiments détruits. Quelque 34.500 sont menacés par le feu mais le nombre de ceux qui seront au final rasés ou endommagés pourrait être moindre qu'attendu.
Une maison en construction est ainsi intacte, même si elle est entourée d'une clôture qui se consume encore.
"Le feu s'est déplacé par bonds" en épargnant certaines zones ici ou là, constate Chon Bribiescas.
La fumée se diffuse elle aussi rapidement, polluant un air où le niveau d'ozone était déjà au plus haut en sept ans dans la région: il est âcre et grisé jusqu'à Palmdale, à cinquante kilomètres de Phelan.
Dans la station d'essence Chevron de Pinon Hills, à plus de 15 kilomètres du brasier, tout le monde ne parle que du sinistre. Beaucoup de clients ont dû évacuer la station de ski de Wrightwood dans la nuit et se sont réfugiés chez des amis, comme Gail Nieto, 65 ans.
"Quand j'ai entendu à la télévision l'ordre d'évacuation obligatoire, j'ai ressenti une montée d'adrénaline. Je la sens encore", dit-elle en tendant une main légèrement tremblante.
En trente années à Wrightwood, c'est la quatrième fois qu'elle doit fuir face aux flammes.
"J'ai 17 à 18 personnes chez moi en ce moment, des amis et leurs familles qui ont dû s'enfuir de Wrightwood", explique pour sa part Jeannine Yglesia.
"Ils ne savent pas dans quel état est leur maison", dit-elle, avant d'être interrompue par un appel sur son portable. Et de reprendre, empressée: "Il faut que j'y aille! Ma fille me dit que nous allons peut-être devoir évacuer aussi".
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